Car les coups bas ne manquent pas, et ils sont graves : fraude informatique au moment des primaires, intimidation et même meurtre par des hommes de main, magouilles électorales en rase campagne, c’est tout un monde parallèle qui s’active, tendu vers un but suprême : l’Élysée. C’est comme cela la politique ?
On est porté à le croire, vu les signataires, Édouard Philippe et sa "plume" Gilles Boyer. L’ancien Premier Ministre avait connu les campagnes d’Alain Juppé, de François Fillon et d’Emmanuel Macron. Il a dû en voir des vertes et des pas mûres.
Évidemment, on a le cerveau scotché pour essayer de comprendre à quelles personnalités le récit fait allusion. En vain : c’est la mécanique de la campagne électorale qui est décrite et tout, finalement, concourt à gérer en permanence des crises en tout genre, entre technos et gros bras, entre les élus et leurs apparatchiks, façon Netflix.
Est-ce que pour autant, cela décrédibilise le politique ? Non, car le « patron » a l’air intègre, du moins on l’espère, car on préfère que la probité arrive jusqu’au sommet de l’Etat. Après, on l’a vu dans une récente actualité, cette seule volonté, pour autant qu’elle existe, ne suffit pas. On ne gouverne pas innocemment non plus... L’album se termine sur une victoire, on est content pour le candidat, mais il lui reste à gouverner…
Avec son script rythmé et efficace et son graphisme, propre comme du Tintin, sobre mais juste, Dans l’ombre se lit comme un polar, malheureusement très réaliste.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Dans l’Ombre – Par Philippe Pelaez et Cédric Le Bihan, d’après le roman d’Édouard Philippe et Gilles Boyer – Ed. JC Lattès / Grand Angle