Cela tient surtout grâce au scénario de Yann, qui met en scène une séparation -momentanée- du jeune Thorgal à peine sorti de l’adolescence mais déjà un redoutable guerrier et un fin tacticien, avec la belle Aaricia. Il est entraîné par Sveynn à la barbe fourchue -son ambitieux frère de sang- dans une conquête du pouvoir qui ne l’enthousiasme pas. Son cœur est auprès d’Aaricia et il aspire à la retrouver. Mais les dieux, le destin et la magie s’en mêlent, en particulier quand ils prennent la forme d’une flygia, un esprit attaché à la lignée de Dent Bleue assassiné par Sveynn, et quand la jeune Sydönia, une enfant précoce dans le registre du cynisme et de la cruauté, convoite également le trône, on comprend que l’on tient là un écheveau d’aventures qui n’est pas prêt à se dénouer de sitôt !
Les séquences s’enchaînent sans dépareiller, les inventions font rebondir l’intrigue à chaque page et les dialogues sont tout en verve. Yann est incontestablement le meilleur successeur de Jean Van Hamme : on a l’impression que la flygia du « Midas belge du scénario » lui tient la plume...
Quant à Roman Surzhenko, il tient solidement la barre du dessin. Il n’a pas la virtuosité d’un Rosinski, certes, mais il « fait le job » avec une belle efficacité produisant quelquefois de belles images. Tout au plus peut-on lui reprocher une approche trop fonctionnelle des décors et des matières qui mériteraient quelquefois une once d’intention artistique. La remarque vaut aussi pour la coloriste Elvire De Cock qui gagnerait à éclaircir sa palette et à soigner les « belles images ».
Il n’en reste pas moins que la Jeunesse de Thorgal est une des séries du moment les plus réussies qui donnent envie à relire l’ensemble de la collection, et ce n’est pas un mince compliment.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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