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Wauter Mannaert (Yasmina) :"Pour moi, le potager et la cuisine sont des métaphores de la vie"

Par Christian MISSIA DIO le 18 septembre 2020                      Lien  
Wauter Mannaert transforme l'essai, après une première aventure qui a vu son héroïne Yasmina se confronter aux trafiquants de patates génétiquement modifiées, celle-ci est de retour mais dans le cadre d'une série régulière cette fois. Nous avions rencontré ce sympathique auteur flamand lors de la Fête de la BD, qui a bien voulu répondre à nos questions.

Moins de 2 ans après la publication de la première aventure de Yasmina, vous revenez avec cette fois-ci avec le 1er tome de la série dédiée à votre personnage. Comment est né ce projet de série ?

Wauter Mannaert : Yasmina et les mangeurs de patates était le tome 0, il est sorti début 2019. Aujourd’hui, je propose le T.1 de Yasmina, intitulé « Master-classe » qui est réalisé dans un format classique de la BD franco-belge, c’est à dire un album en quarante-huit planches.

Dès le début, l’envie de raconter des histoires avec Yasmina était présente dans mon esprit. Il y avait beaucoup de choses que je voulais aborder dans le T.0 mais je n’ai pas pu le faire. J’avais notamment cette idée d’enquête pour remplacer les cours d’anglais par une heure de cours de cuisine, une heure de maths par du jardinage, qui est présente dans l’album précédent mais de manière discrète.

Quelle est l’intrigue de ce nouvel album ?

Il y a une double intrigue : d’abord il y a celle de Yasmina qui tente de convaincre ses camarades de classe, ainsi que ses enseignants et le directeur de son école de remplacer les cours d’anglais par les cours de cuisine afin de permettre aux autres élèves de savoir ce qu’ils ont dans leur assiette. Ce n’est pas un combat facile à mener, Yasmina se rend compte que les mentalités évoluent lentement et que sa méthode de persuasion n’est pas adaptée. La seconde intrigue concerne le père de Yasmina qui perd son travail de frituriste. Aidé par ses amis et par sa fille, il lance son propre business de food-truck mais les débuts ne sont pas faciles car il est un piètre commerçant.

Wauter Mannaert (Yasmina) :"Pour moi, le potager et la cuisine sont des métaphores de la vie"
Quelques extraits de "Yasmina" T.1
Wauter Mannaert © Dargaud

Pensez-vous qu’il est difficile pour un citadin de concilier préoccupations écologiques et la vie dans une grande ville ? Je pense notamment aux limitations de vitesse à Bruxelles qui font pester une partie des automobilistes.

Effectivement, j’habite en ville et c’est un problème très visible. D’un côté, il y a des gens qui militent pour plus de limitations de vitesse et de moyens alternatifs de locomotion et de transports publics. Et de l’autre, il y a de fortes résistances d’une partie de la population à ce genre de changements. Il y a même des contre-mouvements violents contre les projets de villes plus vertes.

Dans le cadre de ma nouvelle série, je me suis fortement inspiré des mobilisations des jeunes pour le climat menés par Greta Thunberg. Cela donne de l’espoir de voir les nouvelles générations manifester pour cette cause. Malheureusement, les résultats aux dernières élections nous ont montré que l’écologie n’était pas forcément une priorité. Les résultats étaient négatifs du côté néerlandophone du pays [1], ce qui m’a poussé à mener une réflexion sur comment mieux sensibiliser la population urbaine aux enjeux écologiques. Pour l’instant, je n’ai pas les réponses mais il est important de réfléchir à comment faire adhérer la population à l’écologie.

Avez-vous une ligne directrice concernant la série de Yasmina ? Quelles sont les thématiques que vous souhaitez aborder en marge de l’écologie ?

J’ai déjà écrit le tome 2, le scénario est quasiment fini mais l’ADN de la série reste le même que ce que les lecteurs ont découverts dans le T.0, c’est-à-dire l’écologie, l’alimentation et l’agriculture responsable. Pour moi, le potager et la cuisine sont des métaphores de la vie en général. Mais il y a d’autres thématiques telles que la diversité, la pauvreté ou encore la vie des jeunes dans les grandes villes. Je m’inspire beaucoup du quotidien pour écrire mes histoires. La force de la série est que certaines thématiques sont explicites tandis que d’autres sont justes présentes en arrière plan.

Avez-vous l’intention de développer les personnages secondaires de Yasmina tels que Marco et Cyril qui représentent deux conceptions opposées de l’agriculture ?

Oui, j’ai l’intention de développer ces personnages car ils sont tellement charmants (rire). Mais c’est un peu comme dans Tintin, le personnage principal n’est pas le plus coloré de la bande, ce sont ses comparses qui sont vraiment savoureux. Dans Yasmina, l’héroïne a beaucoup de caractère et les personnages qui l’entourent sont des archétypes mais en plus caricaturés de ce que l’on voit dans la société. Ce serait effectivement intéressant de prendre l’un de ces personnages le temps d’un récit pour imaginer de nouvelles histoires dans cet univers.

Quand paraîtra le T.2 de Yasmina ?

Je dois terminer le T.2 pour la fin de l’année mais sa sortie est prévue pour mai 2021. Je n’ai pas d’autres projets pour le moment car nous sommes partis pour quatre ou cinq albums de Yasmina. Et puis, ma compagne et moi sommes parents d’un jeune enfant, donc mes journées sont biens remplies (rires).

Yasmina T.1 : Master-classe
Wauter Mannaert © Dargaud

Voir en ligne : Découvrez "Yasmina" sur le site des éditions Dargaud

(par Christian MISSIA DIO)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782505083405

Yasmina T.1 - Master-classe, par Wauter Mannaert - Dargaud. Album paru le 21 août 2020. 48 pages, 9,99 euros.

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[1Il existe deux partis écologistes en Belgique, Écolo du côté francophone et Groen du côté néerlandophone. Lors des élections législatives fédérales du 26 mai 2019, Groen a recueilli 9,8 % à la Chambre des représentants soit une augmentation de 1,2 %, devenant le 6e parti de Flandre. Il s’agit toutefois d’une déception car ce parti espérait rafler jusqu’à 15 % dans les grandes villes flamandes. Par contre, Écolo a recueilli de son côté 14,9 % à la Chambre en Wallonie. Enfin, le cartel Écolo-Groen a obtenu 21,6% à Bruxelles ce qui en fait le premier parti dans la capitale, NDLR. Source Green European Journal

 
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