Lorenzo Coltellacci et Tamara Tantalo traitent d’un sujet classique, celui d’un homme face à ses regrets, qui se demande ce qu’il aurait pu faire pour éviter une séparation douloureuse et qui l’a hanté toute sa vie. Aurait-il dû s’y prendre autrement ou n’est-ce pas tout simplement la distance géographique qui a entraîné la séparation ? À moins que cette dernière ne soit due à la personnalité de Sophie, une jeune femme impétueuse, avide de liberté qui préfère "ne pas posséder pour ne pas perdre", une forme de détachement, très bouddhiste en somme ?
C’est dans ce va-et-vient entre passé passionné et présent morne que nous invitent nos deux auteurs, jouant non seulement des dialogues, mais aussi des couleurs, le présent étant toujours traité dans une bichromie gris/bleu et le passé en gris/jaune, ce qui nous vaut des planches très réussies, montrant, dans une sorte de montage alterné, la même scène avec 4 décennies d’écart.
C’est à la fois beau et émouvant, sans être fleur bleue. C’est un ouvrage délicat, tant sur le fond que sur la forme. La couverture très réussie donnait déjà le ton.
On s’étonnera cependant, peut-être à tort, de l’utilisation que font les protagonistes du téléphone portable et du texto dès les années 1980, ce qui paraît difficilement possible, [1], tout comme l’est une discussion sur le problème écologique généré par la consommation de viande issue de l’élevage intensif, préoccupation qui semble plutôt actuelle.
(par Philippe LEBAS)
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[1] Même si les Italiens avaient de l’avance dans cet usage.