Tout l’album tourne autour de son personnage atypique, Constantin de Chamberly, fils d’une mère barbare aux muscles saillants et au glaive affuté, typique de l’heroic fantasy, et d’un père intellectuel toujours la pipe au bec. Il a hérité de l’esprit humaniste de son père et du physique avantageux de sa mère. Riche de cet alliage, il parcourt les routes du monde de Karskyal pour répandre les idées humanistes et progressistes.
Cette bande dessinée découle d’une idée vraiment géniale qui a rarement été utilisée dans le septième art. Concept qui permet de renouveler, à la fois, le format une page/un gag qui est quelque peu tombé en désuétude ces dernières années, et l’héroic fantasy. Dans ce sens, la bande dessinée s’adresse aux fans d’heroic fantasy ou aux lecteurs de science-humaine. Si vous êtes les deux à la fois, vous allez adorer la façon dont cet album pointe les incohérences des mondes hérités de Tolkien, et se moque des idées progressistes qui n’ont pas été pensées pour un monde d’heroic fantasy.
L’album a aussi un très fort engagement politique à gauche. Il renoue avec la tradition de la bande humoristique comme véhicule d’un engagement politique. C’est assez amusant de voir des termes totalement anachroniques dans l’album, des termes qui font explicitement référence à l’actualité, mais c’est aussi le piège de la bande dessinée qui sera donc datée dans quelques années. Ce qui est très réussi dans ce message politique, c’est qu’il est plein d’autodérision. On sent que les deux auteurs de l’album ont conscience de la fragilité des idées humanistes dans un monde rempli de violences en tout genre.
Au niveau du dessin, c’est très réussi. On sent qu’il y a un effort pour proposer des personnages et des décors crédibles, malgré le format qui restreint quelque peu la créativité. La patte du dessinateur rappellera aux plus nostalgiques les dessins de Lanfeust de Troy, qui était déjà une bande dessinée qui jouait avec les codes de l’héroic fantasy avec beaucoup de second degrés.
L’album parfait pour rire un bon coup sans relire pour la trentième fois Zaï Zaï Zaï Zaï de Fabcaro.
(par Louis GROULT)
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