Dawn of Titans T. 1 & T. 2 - Tom Taylor & Collectif - Urban Comics

Après la Crise des Ténèbres, durant laquelle la Ligue de Justice a été capturée, celle-ci a décidé de donner la main à la jeune génération qui s’était parfaitement débrouillée en son absence. C’est ainsi que le flambeau a été passé à Nightwing qui a demandé à ses anciens compagnons, de l’époque des Teen Titans, de se reformer en tant que Titans. Ce n’est pas la première fois que cette équipe se reforme, nous pouvons remonter à 1998 pour la première version des « Teen Titans adultes », mais la particularité du projet actuel consiste à faire des Titans la nouvelle Ligue de Justice.

Nous retrouvons ainsi Nightwing, le premier Robin, Donna Troy, la première pupille de Wonder Woman, le troisième Flash (Wally West), Changelin venu de la Doom Patrol, l’extraterrestre Starfire, l’homme-machine Cyborg et la sorcière Raven. Ils se connaissent depuis des dizaines d’années (voir The New Teen Titans de 1980), ce sont des amis d’enfance, une famille, et cet élément apporte une dynamique singulière à leurs relations et à leurs aventures.

C’est Tom Taylor que nous retrouvons aux commandes de l’équipe. Comme à son habitude, il excelle dans la mise en scène des amitiés, des amours et des états d’âme de ses personnages. Les Titans sont plus unis que jamais et le scénariste nous offre de belles interactions, mais aussi des moments de bravoure qui font briller chacun d’entre eux, confirmant qu’ils n’ont rien à envier à la Ligue de Justice lorsqu’il s’agit de faire face à des menaces cosmiques et planétaires.

Le premier tome propose deux séries [1] : les Titans de Tom Taylor, qui fait revenir la secte maléfique Brother Blood, et World’s Finest Titans signée Mark Waid. Dans cette dernière, nous retrouvons les Titans à leur adolescence, donc en tant que Teen Titans, mais transposés à notre époque. Il y est question de filmer ses exploits, de réseaux sociaux, de drones et de non-binaire. Le ton se veut léger, mais nous sommes surtout face à un récit parodique, type Teen Titans Go !, l’aspect cartoon en moins : les choses sont tournées en ridicule mais accompagnées de leçons de vie. C’est en contraste radical avec la série principale qui ne nous a pas convaincus car Robin et ses amis sont trop différents par rapport à la première partie de l’album.

Le tome deux est quant à lui dédié à 100% aux Titans, avec l’évènement « Beast World » [2], dont Ivan Reis assure le dessin du titre principal. En repoussant l’assaut d’un monstre cosmique, grâce à un plan audacieux de Changelin, celui-ci donne naissance par accident à des millions de spores qui changent les gens en bêtes humanoïdes, plongeant la Terre dans le chaos. Cette crise est particulièrement réussie dans sa construction et son développement ; et si du côté des héros nous avons droit à des moments poignants, du côté de la menace, à ambition politique comme toujours chez Tom Taylor, les choses se révèlent dépourvues de nuance, jusqu’à la caricature.

Et pour cause. Le scénariste n’arrive pas à se débarrasser de ses tiques concernant ses méchants qui se résument comme souvent à deux mots : haine et mensonge, répétés presque toutes les dix pages. Outre l’aspect caricatural des méchants, ce procédé fait aussi de ses personnages des Mary-Sue, dépourvus de tout questionnement ou doute, étant donné que derrière chaque difficulté ou problème se trouve une manipulation des vilains. Cet aspect ne serait pas gênant si le scénariste n’appuyait pas si fortement ses leçons de morale, auxquelles la seule opposition consiste donc en la haine et au mensonge, faisant de ses héros des personnages qui au bout du compte ont toujours raison.

En dépit de ce bémol, il n’y a néanmoins pas de raison de bouder son plaisir avec ces Titans qui reviennent en grande forme. Nightwing et ses amis traversent des épreuves à la fois touchantes et pleines de rebondissements, dans un grand récit épique qui n’a rien à envier à ceux de la Ligue de Justice.