« Une femme au musée, enfin ! », voici la première réplique de l’album. En effet, en 1956, Germaine Richier a été la première femme à avoir vu ses œuvres exposées, de son vivant, au Musée national d’Art moderne de Paris. Oui, on ne s’en étonne plus, l’exposition du talent au féminin s’est laissée désirer jusqu’au XXe siècle.
Laurence Durieu et Olivia Sautreuil retracent l’existence de Germaine Richier, qui a grandi à Castelnau-le-Lez, un village de l’Hérault au début du XXe siècle. Ce n’était évidemment ni le lieu, ni l’époque où une femme pouvait se permettre de laisser s’exprimer son art : « Le monde de l’art n’est pas fait pour les femmes. » répondait son père lorsqu’elle lui évoquait ses ambitions.
De son enfance plutôt solitaire, dans laquelle elle était bien plus complice avec la nature et les sauterelles qu’avec l’école, à sa rétrospective post-mortem organisée en juillet 1959 à Antibes en son hommage, en passant par son inscription aux Beaux-Arts (école pour laquelle les femmes n’ont eu le droit de candidater qu’à partir de 1897) et ses premières expositions, l’ensemble du parcours artistique de Germaine Richier est rapporté dans ce roman graphique qui vous rendra incollable sur la sculptrice !
Olivia Sautreuil avait à cœur, dans ses planches, de mettre les objets en relief dans les planches feutrées en noir et blanc. Des dessins immersifs et formidablement réalisés qui sont, sans conteste, la meilleure stratégie pour rendre hommage à Germaine Richier, dont les créations sont appréhendées différemment, en fonction de l’angle à partir duquel on les observe.
Par devant ou par derrière, de haut ou de bas, de gauche ou de droite, ces détails de perspective peuvent complètement changer le regard que l’on porte sur l’oeuvre. Une magie permanente.
L’artiste moderne (à l’effigie de qui André Lavriller a confectionné des pièces de cinq francs en 1933) ne manquait pas d’imagination. Elle pouvait représenter tout aussi bien des squelettes, des animaux inspirés par l’art africain ou par le corps féminin. En complices graphiques, les autrices de la bande dessinée font dialoguer ces formes entre elles, mettant par la même occasion cette sculptrice méconnue dans la lumière.
(par Oussama KARFA)
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Les œuvres de Germaine Richier sont exposées au centre Georges Pompidou (Paris) jusqu’au 12 juin 2023.
Infos pratiques :
EXPOSITION GERMAINE RICHIER
Au centre Georges Pompidou
Place Georges Pompidou, 75004 Paris
Métros Châtelet, Les Halles et Rambuteau
Du 1er mars au 12 juin 2023
Tous les jours, sauf le mardi, de 11h à 21h (23h le jeudi)
Photos : Oussama Karfa