Inspecteur Balto — Par Ducoudray et Geffroy — Éd. Grand Angle/Bamboo

Réfractaire aux nouvelles technologies et aux méthodes d’investigation modernes, ce « flic de quartier » travaille à l’ancienne, quitte à avoir recours à des méthodes parfois musclées, limites et personnelles. Son profil est d’autant plus atypique qu’il a incarcéré son ex-femme suite à son implication dans un trafic d’êtres humains. Une mésaventure qui ne cesse de hanter cet anti-héros, un peu désabusé.

Une nouvelle enquête entraîne notre homme à la recherche de Sylvie « cam girl » qui pratique son art sur internet sous le nom d’Ulla Satana(!) . Ses deux copines sont venues le solliciter face au manque de volonté des pandores ; la disparition de l’escort girl va entraîner Balto dans la prostitution virtuelle, l’univers des réseaux sociaux et de l’internet.

Solitaire, intransigeant et retraité, Balto un héros ordinaire ou presque.

L’intérêt de l’histoire réside davantage dans la croustillante galerie de portraits que nous propose Aurélien Ducoudray en toile de fond d’une intrigue dont on pourrait assez vite se désintéresser. La très fine description des protagonistes et l’introduction au cœur des états-d’âme de Balto) captive notre attention. Cette représentation d’une certaine France des années 2020, souvent absente de nos écrans sonne particulièrement juste ; on devine que le scénariste a pris bien du plaisir à dresser ces portraits. Ce genre de Colombo de ville moyenne, prolo et usé se révèle particulièrement attachant. Son errance solitaire et désabusée dans un décor qui hésite entre la « France d’avant » et celle de nos années techno a des accents de nostalgie qui rappellent sur le style d’un Michel Audiard de la grande époque. Aurélien Ducoudray parvient à décrire avec efficacité et pertinence le quotidien de petites gens de peu. D’Amère Russie à À coucher dehors ou encore Les lumières de l’Aérotrain (tous publiés sous le label Grand Angle), le regard posé par le scénariste conserve sa part d’humanité et de bienveillance. Il serait trop facile de classer ces personnages du quotidien d’anti-héros.

Venu de Fluide Glacial et des collaborations avec Olivier Supiot ou Relom, Damien Geffroy signe ici son arrivée aux éditions Grand Angle, dans un style semi-réaliste efficace et particulièrement approprié à l’esprit du récit.

Le principe d’une série n’étant sans doute pas complètement exclu, on peut déjà se réjouir de retrouver le monde de ce héros ordinaire (quoique… !) dans de nouvelles histoires. C’est tout le mal que l’on peut souhaiter à Balto. Flic un jour, flic … !