Le grand jour arrive : Sayra se marie. Mais c’est aussi un cataclysme familial : David n’est pas musulman, et n’a pas l’intention de se convertir. Autour de cet événement sous tension, l’autrice revient sur sa vie et celle de ses proches, plongeant dans le quotidien d’une famille aux racines bangladaises, et aux croisements croissants avec des conjoints anglais.
On est d’abord happés par ce dessin au crayon, plein de charme et de noblesse, autant élégant que tendu, et dont les personnages possèdent un charme inquiétant. Le trait de Sayra Begum habille les regards profonds de visages anguleux parfois austères, dont les sourires n’apparaissent que masqués.
Le témoignage en lui-même apporte un regard précieux sur la communauté musulmane du Bangladesh, assimilée de façon expéditive aux Pakistanais par certains (même région et même religion). L’autrice y décrit le poids de la religion et de l’autorité parentale, à peine imaginable de nos jours. Les parents paraissent radicaux et enfermés dans leurs certitudes, les enfants au contraire exprimant une volonté d’ouverture et d’éloignement de l’Islam.
Sans oublier des nuances d’humour british, comme cette phrase de fin de récit, commentant le mariage de Sayra « Et si ça ne marche pas, au moins cette expérience me fournira la matière pour le deuxième tome ». Une vision enrichissante des métissages contemporains, au Royaume-Uni, et parfaitement compélementaire des récits et séries TV de ces dernières années.
(par David TAUGIS)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Traduit de l’anglais par Nicolas Bertrand.