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Komikku en butte aux difficultés du marché du manga

Par Vincent SAVI le 14 novembre 2019                      Lien  
Les lecteurs les plus attentifs l'auront remarqué : cette année, les sorties des éditions Komikku se sont faites rares, et d'aucuns se demandaient s'ils verraient un jour la suite de leurs séries arriver.

Hier, sur sa page Facebook, l’équipe de Komikku s’est fendue d’un long communiqué revenant sur les difficultés qu’elle avait rencontrées cette année, dressant un portrait alarmant de la situation du marché de la BD, tout en se voulant rassurant pour son public.

Komikku en butte aux difficultés du marché du manga
Divci Valka
© Komikku

Connue pour des choix éditoriaux risqués, l’équipe a tenu à faire savoir que ses décisions "ne rencontraient pas toujours le succès escompté.", et que cette réduction de la voilure dans le rythme des publications était avant tout contraint. Cependant, ils tiennent à ce que les fans soient rassurés : "Par respect pour nos lecteurs et les auteurs, nous ne voulons interrompre aucune série".

Des séries comme Inspecteur Kurokôchi se vendent désormais à 800 exemplaires à la nouveauté, "ce qui signifie que pour sortir un seul nouveau tome, la perte sèche est d’un peu plus de 2000 euros.". L’éditeur rappelle en effet que certaines charges, comme la traduction, le lettrage, le matériel sont "incompressibles".

Dragon Seekers
© Komikku

Certaines séries ne rencontrent plus leur public et, on compte 310 exemplaires vendus pour le dernier tome de Dragon Seekers, tandis que Divci Valka ne dépasse pas les 300 exemplaires vendus.

Cette situation s’explique par plusieurs points. Premièrement une érosion des ventes communes à la plupart des éditeurs, c’est-à-dire que dans la grande majorité des cas, un premier tome vend toujours plus que ses suites. On insiste en effet toujours plus sur la sortie d’un numéro un, qui est en général poussé par un marketing et une communication plus vaste qu’un troisième ou qu’un quatrième tome.

Komikku donne ici l’exemple du premier tome de L’Enfant et le Maudit, vendu à environ 16 000 ex., alors que le 6e tome sorti en mars dernier atteint seulement les 3400 exemplaires. Même les campagnes de promotion et les séances de dédicaces ne parviennent pas à inverser la courbe où à la stabiliser.

L’Enfant et le Maudit, un récit parfaitement maitrisé qui oscille entre le conte ténébreux et le poème attendrissant.
© Komikku

Comme deuxième raison, l’éditeur évoque la saturation du marché, que nous évoquions lors d’un article-bilan du marché de la BD en 2018. Les mangas, qui représentent environ 37% des ventes de bandes dessinées, tirent peut-être le marché de la BD - et du livre - vers le haut, mais on retrouve toujours les mêmes séries au top des ventes. Il est donc difficile de se faire une place sur un marché en pleine surproduction et déjà dominé par des best seller comme, Dragon Ball ou One Punch Man.

Inévitablement, plus il y a de sorties, moins les libraires peuvent les mettre en avant, et certains livres se retrouvent rapidement écartés, jusqu’à ce qu’ils ne soient même plus référencés : "Ça devient le cercle infernal : le livre ne se trouve plus en magasin, donc ne se voit pas, donc ne se vend pas. Les fans restants se tournent vers les sites de vente en ligne ou bien le commandent chez leur libraire indépendant qu’ils soutiennent, mais la série ne recrute plus de nouveaux lecteurs."

Enfin, l’année 2019 a aussi été difficile pour l’équipe de Komikku dont certains membres ont connu quelques problèmes personnels, ce qui peut avoir de lourdes conséquences sur une petite équipe. Les problèmes rencontrés avec leur compte Twitter -sans aucun lien avec leurs difficultés- n’ont pas aidé les choses.

Cependant, Komikku se veut rassurant pour le futur, annonçant que les publications devraient reprendre un rythme à peu près normal dès la fin du mois de novembre.

L’éditeur a dû ajuster sa production, notamment en délocalisant l’impression de leurs volumes en Italie, comme de nombreux autres éditeurs : "Tous nos ouvrages étaient imprimés en France et nous étions l’un des derniers à le faire. Le niveau des cotisations sociales de notre pays est élevé et les imprimeurs français n’arrivent plus à être compétitifs.".

Pour soutenir Komikku, et les autres éditeurs dans cette situation, il est important d’acheter rapidement ses sorties, :"Beaucoup se disent qu’ils attendront que la série soit terminée pour tout acheter, mais c’est la meilleure façon de pousser vers l’abîme une série originale qui aurait mérité d’avoir du succès" plaide l’éditeur.

Nous souhaitons le meilleur à Komikku et toute son équipe, le manga est un secteur très dynamique, mais aussi sans pitié, et il est important de soutenir les séries et les éditeurs que l’on apprécie. Si vous aimez Komikku, soutenez-les !

(par Vincent SAVI)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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