Le narrateur est Thomas, expert en mythologie sud-américaine. Il est surpris de recevoir une lettre du docteur Michaelis, non seulement parce que cela fait des années qu’il n’a pas reçu de ses nouvelles, mais aussi parce qu’il lui demande de venir à l’orphelinat Saint-Syméon où, écrit-il, « quelque chose s’est propagé dans nos murs ». La petite Joséphine, arrivée il y a à peine deux mois avec son frère jumeau, a été retrouvée morte, et ses yeux ont été arrachés. Cela peut-il avoir un lien avec les cultures qu’a étudiées Thomas ?
Mais une fois sur place, Thomas s’interroge : l’endroit est lugubre, les jouets sont rouillés et, surtout, il ne semble pas y avoir d’enfants : le lieu est comme abandonné. Et pourquoi donc Michaelis, qui semblait si pressé de voir arriver ses hôtes, n’est-il pas là pour les accueillir ? Qui sont d’ailleurs les autres arrivants ? Bien des secrets vont alors émerger des sous-sols de l’orphelinat.
La peur est mauvaise conseillère, mais il est difficile d’échapper à son pouvoir de persuasion : voilà comment on pourrait résumer cette histoire, qui est un véritable « roman graphique » au sens où seuls les propos du narrateur accompagnent les illustrations, réussit à nous plonger dans une ambiance sombre, où la tension croît à mesure que l’on avance. Le texte de Nicolas Di Meo, bien ficelé, y est pour beaucoup, et les illustrations de Hélia Aluai, issues d’un travail de gravure digitale, installent définitivement un climat d’inquiétude.
Cerise sur le gâteau, pour celle et ceux qui le souhaitent (mais l’histoire est déjà riche en émotions en l’état), le récit est complété par une réalité augmentée via une application mobile. Ainsi, en scannant certaines pages, apparaissent des objets ou des sons... parfois sortis d’outre-tombe.
Les auteur et autrice se sont inspirés du Rosaire, au Sciernes-d’Albeuve (Suisse), un préventorium construit dans les années 1930, abandonné depuis 2014, et désormais propice à être le théâtre d’une aventure qui est loin d’être un conte de Noël.
(par Damien Boone)
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