Au terme d’un périple qui lui a pratiquement fait traverser l’entièreté des États-Unis et croiser une sacrée galerie de personnages, Emily semble toucher au but en arrivant à Washington. Elle vient pour y rencontrer le vingt-cinquième président, William Mc Kinley.
Abandonnée très jeune, élevée par son oncle, la jeune femme a très tôt pris la route à la recherche de ses parents tout en voulant venger son futur époux assassiné.
Au long de cet incroyable périple, elle a eu l’occasion de rencontrer plusieurs individus dont certains responsables de crimes liés à son histoire. Toujours poursuivie par les deux agents de l’agence Pinkerton lancés à ses trousses, celle qu’on appelle la Venin arrive à la Maison Blanche dans le but d’abattre le président, dernière cible figurant sur la liste de son sanglant projet.
Mais la rencontre sera prétexte à une succession de rebondissements aussi spectaculaires qu’inattendus ! McKinley s’attendait à sa visite et va faire des révélations qui vont déstabiliser Emily. Après avoir raconté sa jeunesse et sa rencontre avec une prostituée, il ira jusqu’à avouer comment il a usurpé la place du véritable président. Et ce n’est pas fini !
Manifestement Laurent Astier aura pris un malin plaisir à brouiller les pistes jusqu’à cette ultime conclusion. Manipulations, vengeance et complots continuent de servir de toile de fond à un récit dense, haletant, ponctué de nombreux flashbacks, bien utiles pour permettre aux lecteurs de se retrouver au coeur de cette épopée sanglante. Le dessin de Laurent Astier intègre avec bonheur les différentes influences des maîtres du western, n’hésitant d’ailleurs pas à leur rendre hommage en fin d’ouvrage.
La longue quête d’Emily en reprend les codes tout en ajoutant des éléments de modernité : un rôle principal féminin, la forte présence de l’environnement urbain, sans parler d’un jeu de plans variés plein de dynamisme. Plus que pour tout autre tome du cycle, un soin particulier a été apporté aux décors dans ce New York du début du XXe siècle. Le principe d’une narration usant d’allers et de retours entre les lieux et les différents temps de l’histoire donne un rythme particulier et renouvelé. La coordination de ces procédés contribue à créer un suspens haletant jusqu’à la toute fin de ce cinquième album. So long, Emily !
(par Patrice Gentilhomme)
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