Les intégrales de l’été 2022 : Dargaud mise sur la diversité

Éditeur historique s’il en est, Dargaud bénéficie d’une longue tradition de bande dessinée, de quoi pouvoir puiser presque aussi facilement que Dupuis pour valoriser quelques pépites de son catalogue, mais aussi d’ailleurs.

Ainsi continue-t-il d’aligner les tomes de l’intégrale Snoopy et les Peanuts. Il en a fallu des volumes pour livrer la totalité du best seller de Charles Schulz : 26, dont la parution a commencé en 2005 ! Ce dernier opus vient clôturer en beauté cette intégrale digne de ce nom, en rassemblant d’après l’éditeur, « des pièces rares qui, pour la plupart, n’ont pas été montrées depuis des décennies. »

Seconde série iconique, Le Génie des Alpages (né dans Pilote) bénéficie enfin de son second recueil, trois ans après la parution du premier. Pour rappel, chaque volume est composé de trois tomes. Une parution que l’on attendait impatiemment, car le quinzième tome, que F’murrr a laissé inachevé au stade des crayonnés, sera reproduit dans le cinquième volume de cette intégrale.

Si vous avez apprécié l’humour si caractéristique de F’Murrr, cette intégrale est faite pour vous ! La courte mais salutaire introduction recontextualise le propos, alors que l’on bénéficie de la totalité des albums 4, 5 et 6, mais aussi et surtout des recherches et des études tirées des petits carnets que F’Murrr emportait toujours avec lui, et montrait rarement. Si vous ne connaissez pas encore cette série mythique, c’est l’occasion rêvée pour vous rattraper !

Introduction au second volume du "Génie des Alpages"

Seconde fin d’intégrale, tout aussi passionnante, et encore différente dans le format : le troisième et dernier volume du Cadet des Soupetard ! Nous vous avions présenté avec emphase le premier recueil, qui présentait dans un format économiquement réduit, mais très lisible, les trois premiers albums de la série aussi touchante que drôle. Après le deuxième tome, nous attendions avec impatience ce troisième et dernier opus qui rassemble toutes les histoires courtes de la série. C’est maintenant chose faite !

D’une décennie à l’autre....

On ne peut que s’ébahir du talent d’Éric Corbeyran à évoquer des choses certes simples mais si authentiques, par ces courts récits, et qui restent d’une pertinence aussi grande que leur constance. C’est aussi l’occasion de bénéficier du travail en couleurs directes d’Olivier Berlion, avec des productions qui s’étalent sur une dizaine d’années. De quoi déguster des petites merveilles, enfin rassemblées dans ce dernier volume, et dont l’éditeur a minimisé l’augmentation de prix liée à l’inflation. De quoi sauter dessus sans attendre !

... l’évolution graphique d’Olivier Berlion

Quatrième recueil, quatrième format et encore une période différente ! Après Les Peanuts débutés dans les années 1950 et parvenus chez nous pendant les Sixties, après Le Génie des Alpages des Seventies, et Le Cadet des Soupetard paru au début des Nineties, Dargaud continue avec l’un de ses best-sellers des années 2000, Le Chat du Rabbin de Joann Sfar.

Une série qui a porté son auteur aux nues, et qui se présente sous la forme de trois recueils de trois tomes chacun. Pas de compléments, juste le plaisir de renouer (ou découvrir) une étonnante interaction entre satire sociétale, religion et philosophie, le tout illuminé par trois couvertures inédites.

Les Voleurs de Carthage

Et pour ceux qui auraient accroché à l’univers méditerranéen précédent, la parution de l’intégrale des Voleurs de Carthage est une belle occasion d’évasion et d’aventures aussi romanesques qu’humoristiques. Un délicieux délire historique signé Appollo & Tanquerelle qui profite d’un très bel écrin pour ce récit complet d’une centaine de pages.

Pourrait-on encore imaginer un changement radical d’univers, de graphisme et de format ? Et bien, oui et non ! Oui, parce que le premier volume de l’intégrale de Kushi et son traitement asiatique rompt totalement avec les précédents. Et non, parce que le même dessinateur avait déjà bénéficié de trois intégrales pour La Balade de Yaya il y a six mois. Un échange entre l’Europe et l’Asie via cet univers qui emprunte autant à l’Histoire qu’aux contes.

L’envoûtant "Kushi"

Et pour ceux qui n’auraient pas encore trouvé leur compte, ajoutons que Dargaud s’est lancé dans la réédition de romans graphiques au format de poche et un prix fixe de 9,50 €. Pas question de tenter de relancer quelques titres qui n’ont pas trouvé leur public ! Il s’agit au contraire d’albums que nous vous avions encensés à leurs sorties : Nimona, Mécanique céleste, Pablo, Pistouvi, Celle que je ne suis pas, et d’autres pour au total de dix ouvrages, parfait pour l’été.

Et avec cette quinzaine de titres, avons-nous tout traité ? Non, il reste ce qui nous apparaît comme l’une des performances patrimoniales de l’année, à savoir le lancement de l’intégrale de Valentina par Guido Crepax, souvent initiée et salué de nos vœux, mais jamais parvenue à son terme. Mais cette fois, Dargaud a lancé l’ultime opération qui viendra combler cette lacune au sein du patrimoine européen disponible en France. On vous en reparle prochainement...