Mediator – Un crime chimiquement pur – Par Irène Frachon, Éric (...)

Mediator – Un crime chimiquement pur – Par Irène Frachon, Éric Giacometti et François Duprat – Ed. Delcourt

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L’un des scandales sanitaires français les plus marquants de ces dernières années, responsables la mort ou du handicap de milliers de victimes, raconté en BD par Irène Frachon, la pneumologue « lanceuse d’alerte » qui a enquêté sur le médicament des laboratoires Servier depuis 2007, et Éric Giacometti, romancier, scénariste de Largo Winch, ancien journaliste au Parisien, cela donne un récit époustouflant qui montre toute l’étendue de la puissance d’un laboratoire resté longtemps impuni (le procès en appel a lieu en janvier 2023 alors que le médicament fautif est en vente depuis 1976 !) et la faillite d’un système de santé publique gangrené par des pratiques où argent et pouvoir sont totalement imbriqués.

Celui qui est visé, c’est le laboratoire Servier qui a mis sur le marché des coupe-faims provoquant de graves toxicités cardiaques et pulmonaires. Des médicaments nommés Isoméride (ce dernier dûment interdit en 1997) mais aussi Mediator, vendu lui comme antidiabétique.

Pas à pas, les auteurs retracent comment les premiers cas de mortalité arrivent à jour en lien avec le principe actif d’un médicament remboursé par la sécurité sociale ; comment les autorités de santé publique, finalement averties, continuent d’ignorer le problème ; comment la presse, alertée, temporise à quelques exceptions près, en raison des énormes budgets publicitaires contrôlés par le laboratoire Servier mais aussi de son entregent politique : Nicolas Sarkozy nomme Jacques Servier Grand-Croix de la Légion d’honneur.

Entre le premier procès et la mise sur le marché : 33 ans. Première condamnation de l’Agence française du médicament et du laboratoire Servier en 2021. Le jugement en appel aura lieu en janvier 2023…

Cette histoire est symptomatique d’un système de santé aux méandres ubuesques où les scandales sanitaires semblent pouvoir prospérer en toute quiétude en raison de la complexité des dossiers et des procédures en justice.

Une bande dessinée formidablement racontée avec l’intervention des auteurs comme personnages du récit, mais aussi Hippocrate qui intervient, comme il se doit, en chœur grec. C’est complexe mais pas technique, très facile à lire, avec sa galerie de personnalités, dont plusieurs présidents de la République, que l’on reconnaîtra si l’on n’est pas trop exigeant sur la ressemblance des caricatures.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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