Fondée en 1985 dans la capitale des Alpes, la Librairie Momie s’est bien agrandie en quelque 37 ans, et pas uniquement en surface. Sortie du réseau Canal BD il y a peu, elle a enfanté son propre réseau de neuf succursales partout en France. Son point fort ? Une équipe de jeunes libraires spécialisés dans le manga (55% du marché, faut-il le rappeler), mais surtout une diversification sans égale : figurines, poster, vêtements. « Sur Grenoble, ils étaient les premiers à faire ça » nous confie un habitué de la boutique. Une success story qui a entraîné l’agrandissement en 2020 de la partie manga. « En 2020 on est passé de 60 m² de mangas dans la boutique originelle à une boutique dédiée aux mangas de 100 m². Et là, on vient encore de doubler la surface dans un nouvel espace. » nous explique l’un des piliers de l’équipe. La conséquence d’une demande qui a été en forte croissance ces dernières années.
Située dans la rue la plus passante de Grenoble la nouvelle boutique Momie Manga est un véritable « supermarché du manga » pour ses détracteurs, une « Japan Expo miniature » où tout ou presque tout ce qui touche à la culture japonaise est disponible, plaçant par conséquent la librairie grenobloise parmi les premières sur c segment de marché en France.
Que faire maintenant des anciens locaux ? Les vendre ? Mmmh, non… Bien trop facile ! L’ambitieuse Momie s’est donc lancée dans la vente d’originaux et qui de mieux que le régional Jean-Marc Rochette pour inaugurer ses cimaises ? Venu avec ses planches de la Dernière Reine (chasse gardée de la galerie parisienne Daniel Maghen) mais aussi avec des tableaux, des bronzes et des illustrations, cette exposition montre l’étendue du talent de l’artiste qui vient d’annoncer son retrait de la BD.
Une exposition ouverte le 1er octobre 2022, bien avant l’explosion de ce qu’on appelle maintenant « L’Affaire Vivès », une affaire dans laquelle Rochette fut l’un des seuls auteurs à prendre publiquement la défense de l’auteur de Polina, une prise de position qui n’a guère eu d’impact sur les visiteurs : « Les gens qui viennent voir Rochette, ils viennent voir le montagnard, une figure de la région, mais surtout l’immense artiste aux multiples facettes » reprend notre guide de la journée. « Des gens nous ont appelé de toute la France pour avoir les prix et même acheter de très belles pièces. » continue-t-il. « Et évidemment sur les ventes, ça s’est senti. Nous avions édité, sous le label de la librairie Momie, une édition augmentée d’un cahier graphique, d’un ex-libris et d’une couverture alternative, ce qui multipliait par trois les variantes de l’édition avec la normale et la noir et blanc de chez Casterman et la nôtre. Résultat ? Au-delà de nos prévisions, tout s’est vendu. Le livre est en réimpression. »
Reste à poser la question qui fâche beaucoup de monde en ce moment, quid de la réception de L’Affaire Vivès en boutique ?
« Nous, et c’est normal, n’avons pas pris position. Mais évidemment qu’on en a vendu plus et pris des piles puisque les clients nous le demandaient. Maintenant, on ne cherche ni à l’enterrer, ni à la glorifier, on fait notre travail. »
Si l’on en croit le libraire, « les fêtes se sont très bien passées. Avec Angoulême qui approche, on continue de mettre en avant et de défendre les titres que l’on considère comme méritant. » Avant de finir : « On a la chance d’être installé depuis un moment et donc d’avoir un rôle de référent ce qui nous permet de vendre de tout à tout le monde puisque la plupart de nos clients nous suivent les yeux fermés. »
Libraire, vendeur de para-BD, éditeur et maintenant galeriste, pour Momie la recette du succès passe par la le développement et la diversification. Comme chez la plupart des "Spé-BD" qui dament le pion à la grande distribution où les libraires sont loin d’avoir leur expertise.
(par Kelian NGUYEN)
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Exposition Rochette visible jusqu’au 31 décembre 2022.
Photos : Kelian Nguyen
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