Sorti en mars 2022, le premier tome de Mister Mammoth avait posé les bases d’un récit policier situé aux États-Unis dans les années 1970 et tournant autour d’un détective atypique, un géant au visage ravagé par les coups (sans jamais en donner), qui ne s’intéresse qu’aux affaires les plus complexes. "J’accepte les affaires que je pense ne pas pouvoir résoudre, les cas qui me semblent insolubles. Les scénarios des crimes et leurs mobiles sont si communs, si évidents, que c’en est... déprimant... Il est si difficile de trouver un défi", nous dit-il.
On aura donc affaire à "un polar existentiel...une comédie dramatique", mettant en scène un riche industriel, presque retraité, qui reçoit un mystérieux coup de fil, suivi de l’envoi d’une photographie énigmatique, destinée à le faire chanter.
Ces jalons posés étaient particulièrement ténus, d’autant plus dans le cadre franco-belge des 48 pages, qu’on a plaisir à retrouver ici. [1]. Ce premier tome, d’une histoire assez classique de maître-chanteur nous avait à la fois aiguisé l’appétit tout en nous laissant un peu sur notre faim. On se demandait bien où tout cela allait nous mener et force est d’avouer la belle surprise offerte par le second volume, qui vient conclure l’ensemble de fort belle et surprenante manière, tout en gardant une part d’étrangeté, sans qu’on puisse en révéler plus.
Matt Kindt sait y faire, faisant avancer son récit avec un minimum de mots, des dialogues bien troussés et les pensées de Mr Mammoth, et c’est tout. C’est d’ailleurs l’occasion pour nous de signaler l’efficace travail de traduction effectué par Sidonie Van den Dries. De la part de Matt Kindt, rien de surprenant, pour qui a lu Superspy, Grass Kings ou Mind MGMT par exemple.
Le dessin et la mise en couleur assurés par Jean-Denis Pendanx (A fake story, Abdallahi) servent parfaitement le récit. L’utile cahier graphique de la fin du 1er tome nous montre comment Pendanx, à partir des recherches graphiques de Matt Kindt, en arrive au portrait final des principaux protagonistes, pour Mr Mammoth tout particulièrement. Une belle réussite, fruit d’une collaboration transatlantique qu’on aimerait voir se développer, enrichissant du même coup le déjà imposant catalogue des éditions Futuropolis.
(par Philippe LEBAS)
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[1] Cela est devenu assez inhabituel depuis l’arrivée du "roman graphique" qui a contribué à faire exploser ce cadre, permettant ainsi d’étirer des récits beaucoup plus amples, sauf que la contrainte peut avoir du bon et que certains ouvrages sont parfois bien longs. Kindt et Pendanx on trouvé une bonne formule : faire court, mais deux fois, ménageant ainsi le suspense durant quelques mois.
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