Ducobu : Président !

Comme les notes de tout élève, les films autour du personnage de Ducobu ont connu des hauts et des bas. Après un score de 1,5 millions d’entrées pour la première sortie en salles, le second film de Philippe de Chauveron n’avait pas confirmé cette bonne note, sans doute parce le thème des vacances éloignait notre héros de Saint-Potache, le sempiternel écrin de ses gaffes.

Élie Semoun, jusqu’alors interprète du fameux instituteur Latouche (et de sa mère), reprend par la suite les rênes de la réalisation pour s’attribuer non seulement le rôle de l’acteur-phare, mais aussi pour en être le coscénariste et le réalisateur, fonction qu’il assure pour la première fois de sa carrière. Une implication payante, car le troisième long-métrage sorti début 2020 s’est offert le luxe de dépasser le nombre d’entrées du premier volet, ce qui ouvrait la voie à une quatrième adaptation. Restait à trouver les bonnes idées.

« Il y a deux ans, nous a expliqué Élie Semoun il y a quelques jours, Nous nous sommes lancés dans l’écriture de ce quatrième film, et comme les élections approchaient, on trouvait drôle d’en parler dans Ducobu. On voulait aussi se moquer gentiment des prétendues méthodes modernes de l’enseignement qui venaient s’opposer au style assez passéiste de Latouche. On trouvait comique de rajouter un nouveau personnage qui serait fan de Ducobu et viendrait mettre un peu de zizanie dans sa relation avec Léonie. »

C’est sur ces trois axes principaux que se base le film. Pour cette nouvelle année scolaire qui vient de commencer, les élèves sont appelés à prendre leur destin en main et à élire celle ou celui qui pourrait présider à leur avenir en élaborant le nouveau programme pédagogique de Saint-Potache. Une approche innovante qui vient de Flarft, conseiller éducatif originaire du Flaffenstein.

Cinq élèves briguent le poste, dont naturellement Léonie et Ducobu, occasion de quelques belles passes d’armes, surtout que chaque candidat bénéficie de son équipe de campagne. Le personnage récurrent de Karine ("C’est clair" prend du galon auprès de Léonie ; par ailleurs, la fameuse nouvelle élève de Saint-Potache fan de Ducobu est prête à tout pour valoriser son héros, quitte à employer des méthodes musclées.

L’équipe en plein tournage à Bruxelles, en août 2021.

Cette première partie imprime son tempo au film, mettant en parallèle les duos Léonie/Ducobu et Latouche/Flarft de l’autre, chacun des adultes tentant d’orienter les élections à l’avantage de son chouchou. Tout en restant très premier degré, Semoun lance quelques piques : un programme électoral basé uniquement sur la xénophobie (heureusement combattu par les enfants), des stratégies électorales discutables (surcollage, campagne de désinformation, etc.) et surtout quelques vérités à l’adresse d’un passé assez proche, comme cet axe de campagne de Ducobu : « Ce ne serait pas la première fois que même un nul devienne président ! »

On aurait apprécié que les méthodes pédagogiques de l’enfant-roi soient un peu plus critiquées. Néanmoins, la deuxième partie du film profite d’un excellent tonus, grâce à la mise en place immédiate du programme de l’élu. Truffé de gags visuels magnifiquement servis par une excellente bande sonore, cette partie est le moment fort du film, porté par ses acteurs, enfants et adultes.

« J’aime beaucoup réaliser, nous explique Semoun, Mais le plus important reste de bien choisir ses comédiens, surtout les enfants, pour que tout se déroule correctement par la suite. C’est parfois compliqué de diriger ces derniers. J’ai par exemple eu des difficultés pour leur faire jouer les rôles des robots, mais on est d’autant plus satisfait quand la scène est finalement réussie. »

Le point fort du casting est d’avoir maintenu pour les rôles d’adultes les mêmes acteurs que dans le Ducobu 3, ce qui permet d’entrer directement dans l’esprit du film. Surtout que celui-ci débute par l’installation des Ducobu chez les Gratin, une famille recomposée, ce qui ne va pas aller sans quelques désagréments attendus. On retrouve la présence de quelques guest stars à l’affiche, comme Vincent Taloche, Franck Dubosc en "serveur plutôt costaud" [sic], sans oublier Gérard Jugnot dont le rôle s’étoffe pour notre plus grand plaisir lorsqu’il fait l’apologie de la triche dans le monde des adultes.

L’équipe belge a rejoint Elie Semoun pour l’avant-première à Bruxelles

Dans cet épisode, la relation entre Latouche et sa mère (tous deux joués par Élie Semoun) occupe une place moins importante que dans le précédent. L’opposition classique de Latouche avec Ducobu demeure, mais surtout ses interactions avec sa petite amie Mlle Rateau et son concurrent Flarft, contribuent à valoriser le personnage.

Bref, Ducobu président ! est certainement la comédie familiale à ne pas manquer cet été.

Une suite ?

« Je serais content de réaliser un Ducobu 5, nous répond Élie Semoun, mais cela va bien entendu dépendre de l’accueil que ce quatrième film va recevoir. »

L’humoriste concède « n’avoir aucune idée de cette potentielle suite pour l’instant ». On remarquera cependant qu’il continue à faire évoluer la relation entre Latouche et sa petite amie Mlle Rateau à la fin du film. Ce qui augure de possibles évolutions pour un cinquième opus.

Le 26e tome est paru le 1er juillet 2022.

Et la bande dessinée dans tout cela ?!

Elle n’est pas oubliée ! Ily a ce formidable générique réalisé à partir des dessins de Godi : «  Godi a pris un mois pour dessiner le générique, nous explique Semoun, Un travail de fou, mais c’était important à mes yeux car Dubobu provient tout de même de la bande dessinée. Le résultat final est à la hauteur de mes attentes, à la fois original et très beau ! »

Enfin, le vingt-sixième tome de la bande dessinée Ducobu vient également de paraître. Que son titre : Votez Ducobu ! ne vous induise pas en erreur : le contenu de cette nouveauté n’a strictement rien à voir avec celui du film. Vous pouvez très bien profiter de l’un sans avoir vu/lu l’autre. Mais l’album reprend tout de même un cahier supplémentaire de huit pages intitulé La Gazette de Saint-Potache qui présente le film. Un tract pour un nouveau mandat ?

Propos recueillis par Charles-Louis Detournay.