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Moulinsart SA obtient la fermeture d’une exposition du Off de BDFIL

Par Frédéric HOJLO le 8 septembre 2019                      Lien  
L'empire Moulinsart contre Atak ! La société gérant les droits de l'œuvre d'Hergé a demandé et obtenu l'annulation d'une exposition, pourtant débutée depuis le 5 septembre, de peintures de l'artiste allemand Atak. Celles-ci représentaient Tintin et ses compagnons dans ce que le peintre et la galerie lausannoise RichterBuxtorf qualifient d'hommage. Un nouvel épisode de la politique drastique menée par l'entreprise bruxelloise.

La société Moulinsart, administrée par Nick Rodwell, en charge de l’exploitation commerciale de l’œuvre d’Hergé et de la gestion de ses droits, ne semble jamais prendre de pause. Chacun pourra juger de son zèle avec le dernier exemple en date d’intervention aussi rapide qu’efficace. Moulinsart est en effet parvenu à décourager des galeristes lausannois d’exposer des peintures inspirées de l’univers hergéen.

Moulinsart SA obtient la fermeture d'une exposition du Off de BDFIL
"TNT en Amérique" de Jochen Gerner (L’Ampoule, 2002) tourne en dérision le juridisme de la défense de l’œuvre d’Hergé en caviardant intégralement les dessins.

L’exposition devait se tenir du 5 au 29 septembre 2019 à l’Espace RichterBuxtorf, avenue William Fraisse à Lausanne. Se tenant dans le cadre du Off du festival BDFIL, son programme était connu depuis plusieurs semaines. L’artiste invité, l’Allemand Atak (Georg Barber), devait présenter des originaux de son ouvrage Martha était là (Éditions Les Fourmis Rouges, juin 2016) mais aussi des peintures annoncées comme un hommage aux aventures de Tintin.

Cette exposition, d’ampleur relativement modeste, n’a cependant pas eu l’heur de plaire aux gardiens de l’œuvre d’Hergé. La demande est parvenue aux galeristes Gilles Richter et Régine Buxtorf rapidement. Pas assez cependant pour empêcher quelques visiteurs de voir les peintures de l’artiste allemand : l’exposition a ouvert ses portes ce jeudi 5 septembre pour finalement les refermer le lendemain.

L’Espace RichterBuxtorf s’en est alors expliqué publiquement, sur sa vitrine ainsi que sa page Facebook. La fermeture a été décidée à la suite d’une « demande des juristes de Moulinsart SA ». Quelques explications complémentaires sont également avancées sur le site de la galerie. Celle-ci affirme ne pas avoir « les moyens d’engager une guerre par avocats interposés » alors que le peintre ne ferait que « citer » et user de son « droit lié à la liberté artistique ».

La demande de Moulinsart peut paraître étonnante. Elle relance certes le débat récurrent sur la gestion de l’image de Tintin et sur la définition des frontières entre plagiat éhonté, digne hommage et parodie décapante. Elle n’est pas non plus nouvelle - loin de là - ou totalement illégitime - cela mérite discussion. Mais elle intervient alors que les peintures d’Atak ont déjà été publiquement montrées. Révélé par la revue suisse Strapazin, édité notamment par le Frémok, les éditions Thierry Magnier et Albin Michel, l’artiste né en 1967 à l’Est du Rideau de Fer a suffisamment de notoriété pour être régulièrement exposé à travers l’Europe. Il avait ainsi été invité dernièrement par La Ferme du Buisson à concevoir un Fan Art pour le Pulp festival 2019.

Le résultat, qui était resté visible pendant presque un mois à la médiathèque de Noisiel, était constitué d’un ensemble de peintures rendant « hommage », selon leur auteur interrogé par notre consœur Laurence Le Saux pour Télérama, aux aventures de Tintin. S’éloignant de la ligne claire d’Hergé, Atak redonnait vie au reporter grâce à une touche épaisse et à des couleurs vives. Il avait choisi de réinterpréter les couvertures des albums et de synthétiser en une seule peinture chacune des aventures.

Pour Atak, ses peintures sont à la fois une façon de saluer le travail d’Hergé, de renvoyer à l’enfance et d’exprimer, notamment par les couleurs, ses propres sentiments vis-à-vis de l’œuvre du dessinateur. Il aurait en outre souhaité en faire un livre, mais ses éditeurs, que ce soit en Allemagne ou en Belgique, ne l’ont pas suivi, craignant de devoir faire face à des procédures lancées par Moulinsart SA. Chaque peinture demeure donc unique et difficilement accessible.

La Ferme du Buisson n’a pas eu les mêmes ennuis que l’Espace RichterBuxtorf. À Lausanne, l’artiste et les galeristes sont à la recherche d’une solution qui permettrait de faire découvrir le travail d’Atak sans menacer la pérennité du lieu. L’exposition est présentée comme « momentanément fermée ». Nous ne savons cependant pas quand elle rouvrira ni sous quelle forme.

Quant à la société Moulinsart, elle fait en ce moment flèche de tout bois, puisque nous apprenions il y a quelques jours qu’elle avait poussé le Centre Belge de la Bande Dessinée et le dessinateur Emmanuel Lepage à redessiner une affiche sur laquelle était visible, entre autres motifs symboliques du 9e Art, la fusée lunaire de Tintin. La méthode ne change guère. La demande suffit à effrayer et à faire obtempérer. C’est compréhensible : le combat de David contre Goliath n’est pas précisément ce qui se fait de plus rassurant...

L’affiche d’Emmanuel Lepage après la demande de Moulinsart : la fusée de Tintin a été remplacée par l’Espadon de Blake et Mortimer et d’Edgar P. Jacobs. L’art du ridicule.
© Lepage et Centre belge de la BD

Reste à savoir quels seront les effets d’une telle politique à long terme. Le risque d’embaumement de la figure de Tintin n’est pas à exclure. Son aura, en l’absence de reprise et dans un tel contexte empêchant toute réappropriation, pourrait diminuer. À moins que la « tintinolâtrie » soit l’opium du XXIe siècle ?

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(par Frédéric HOJLO)

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Toutes les peintures illustrant cet article sont l’œuvre d’ATAK (Georg Barber) et ont été exposées du 5 au 27 avril 2019 à Noisiel (Seine-et-Marne) dans le cadre du Pulp Festival de La Ferme du Buisson. La photographie est extraite de la page Facebook de l’Espace RichterBuxtorf.

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38 Messages :
  • Si ce n’était pas Tintin et son univers, cette expo aurait-elle un intérêt et un public ?

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    • Répondu par JC Lebourdais le 8 septembre 2019 à  19:29 :

      Exactement.
      Ce que fait Moulinsart ici est tout à fait normal. Ils protègent la propriété intellectuelle dont ils ont la charge.
      Cet "artiste" n’est rien de plus qu’un Roy Lichtenstein ou un Andy Warhol moderne, un parasite qui tire parti d’une renommée existante pour se faire un nom.

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      • Répondu le 9 septembre 2019 à  12:07 :

        Bravo pour l’étalement de votre betise et de votre incompréhension de ce ce qu’est l’art en générale.

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        • Répondu le 9 septembre 2019 à  13:21 :

          L’art en générale (avec un e), ce n’est pas le laxisme.
          Mais bon, Andy Warhol et Hergé avait une admiration respective. ATAK n’est pas Warhol. Faut pas tout confondre !

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          • Répondu le 9 septembre 2019 à  18:02 :

            ha bon faut avoir une notoriété du même niveau que warhol pour pouvoir s’exprimer.
            Avec un tel résonnement pas de gaugin de monet van gogh et tous les autres qui ont suivis traité de laxistes à leur époque.
            En plus herge était un peintre médiocre (mot faible) .
            Vous pouvez toujours vous astiquer avec les boites de camenbert, boite à gateaux, porte clés et tout le merchandising puisque depuis 1976, c’est ce qui est produit avec ce personnage d’une autre époque, du grand art certainement .

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            • Répondu le 9 septembre 2019 à  18:57 :

              Hergé et Warhol se sont rencontrés. Warhol a fait des portraits d’Hergé. Ils s’appréciaient. Ce sont deux artistes qui ont travaillé sur le sens de l’image et son impact à l’ère industrielle. On peut apprécier ou ne pas comprendre l’œuvre de Warhol mais elle est incontournable dans l’Histoire de l’Art et aide à décrypter la pop-culture ou la contre-culture.
              Andy Warhol et Atak ne boxent pas dans la même catégorie. Faut pas me raconter des fadaises !
              Hergé était un peintre médiocre. Il le savait et a laissé tomber. Mais il s’y connaissait en peinture et s’intéressait sérieusement aux beaux-arts. L’Art d’Hergé, c’est la bande dessinée. Mais lorsqu’il la pratiquait, elle n’avait pas encore ses lettres de noblesse. Il a participé grandement à son essor.
              Duke Ellington était un excellent cuisinier mais on retient de lui sa musique. Paul McCarney pratique la peinture et est passionné par Magritte mais on retient de lui sa musique.
              Vous ne pouvez pas reprocher à HErgé d’être un mauvais peintre ou d’avoir été un esprit curieux et qui s’est progressivement ouvert à beaucoup de choses.
              Vous voudriez quoi de plus avec Tintin ? L’œuvre est faite et n’est plus à faire. Imagineriez-vous qu’on publie un nouvel opus des Misérables de Hugo ou un nouveau Balzac ? Non, ce serait idiot. C’est pareil pour Hergé. Pas de nouveau Tinti, c’est très bien. Et des produits dérivés de qualité, c’est la meilleure solution pour le faire perdurer aussi.

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              • Répondu le 9 septembre 2019 à  21:19 :

                bonne nouvelle lotus va négocier pour que tintin soit sur des rouleaux de papier hygiénique vous aurez tout le loisir de faire chaque matin un remake des aventures de tintin sur du papier de qualité pour en perdurer l’oeuvre. Evitez tintin au tibet trop de blanc quoi que

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                • Répondu le 10 septembre 2019 à  09:05 :

                  Vous devez faire fureur dans les repas de famille avec un humour aussi ravageur.

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              • Répondu par Hubert Sapin-des-Montagons le 9 septembre 2019 à  22:48 :

                Hergé et Andy Warhol avait indiscutablement au moins un point commun. Celui de gérer la création de leurs œuvres. Si l’inquantifiable travail des studios Hergé sur les derniers albums de Tintin ne se discute plus, il faut savoir que Warhol travaillait de la même façon avec sa Factory. Donc, rien ne prouve que les quatre portraits d’Hergé soit de la main de l’artiste.

                Pour ce qui est de l’exposition censurée, je voudrais citer une phrase lue je ne sais plus trop où : c’est l’homme qui est au service de l’art et pas l’art qui est au service de l’homme. Peut-être que les responsables de la galerie lémanique, et ce monsieur Atak, devrait se pencher sur ce point de vue qui a le mérite d’exister et de questionner.

                Evidemment, la réaction des conseillers de Moulinsart SA semble disproportionnée, vu que franchement la tenue de cette exposition n’aurait pas attiré les foules ni provoqué un engouement médiatique extraordinaire hors des frontières lausannoise. Mais, après tout, ils sont dans leur bon droit et libre à eux de faire ce qui les amusent.

                Mais dans tous ça, il y a tout de même une chose qui me turlupine, je me demande à qui profite toute cette agitation et pourquoi un tel patacaisse a-t-il été mené par Moulinsart SA. Je ne me permettrais pas de tirer des conclusions gratuites et hâtives et préfère laisser les « décortiqueurs » de la gestion post mortem de l’œuvre d’Hergé se pencher sur ces réflexions.

                Voici donc mon questionnement : la galerie visée ne verra certainement pas sa fréquentation augmenter d’une manière exponentielle grâce à la médiatisation de cette affaire. Par contre, et c’est évident, le nom de Tintin, lui, a ressurgit immédiatement de nos mémoires. Comme disait ce brave Léon : qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi. Je m’étais déjà fait la même réflexion lors du « délire » au sujet de Tintin au Congo qui assurément a dû provoquer une augmentation des ventes de cet album. Bizarre, vous avez dit bizarre ?

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                • Répondu le 10 septembre 2019 à  07:55 :

                  "Donc, rien ne prouve que les quatre portraits d’Hergé soit de la main de l’artiste."

                  Les atelier des grands maîtres de la Renaissance ne fonctionnaient pas autrement. L’artiste est celui qui a l’idée et la développe, il peut très bien confier certaines tâches de la réalisation de ses œuvres à des assistants. Un cinéaste n’est ni éclairagiste, ni décorateur, ni maquilleuse et pourtant, c’est lui qui est crédité comme auteur.
                  Vous avez une vision un peu trop romantique de l’artiste, non ?

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                • Répondu le 10 septembre 2019 à  08:00 :

                  "Pour ce qui est de l’exposition censurée, je voudrais citer une phrase lue je ne sais plus trop où : c’est l’homme qui est au service de l’art et pas l’art qui est au service de l’homme."

                  Sans doute une phrase d’un philosophe de télé-réalité.
                  Dans "Le déclin du mensonge", Oscar Wilde préfère penser que la nature imite l’art. Cette conception me semble un peu plus subtile et moins mercantile et utilistariste.

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                • Répondu le 10 septembre 2019 à  08:19 :

                  Si les gens de Moulinsart laissaient n’importe qui faire ce que bon lui semble avec Tintin, vous leur reprocheriez leur laxisme. Ce qui vous dérange au fond, c’est que Tintin, bien que personnage populaire, reste une propriété privée et que seuls les ayant droits sont autorisés à en tirer des bénéfices. Mais ce que vous ne voulez pas comprendre, c’est que les ayant droits ont aussi un droit moral et qu’ils ne s’autorisent pas à faire n’importe quoi ou laisser faire n’importe quoi avec l’œuvre et l’image de l’auteur qui leur a été confié.
                  Même si je n’ai pas les moyens de m’offrir tous les produits dérivé de Tintin, je trouve qu’ils sont respectueux de l’œuvre d’Hergé. Et je préfère voir Tintin continuer d’exister ainsi plutôt que de laisser des dessinateurs faire de nouveaux albums qui dénatureraient inévitablement l’œuvre. Je ne vois pas l’intérêt littéraire et artistique de faire du Hugo Pratt sans Hugo Pratt ni du Astérix sans Uderzo et Goscinny. Hergé ne souhaitait pas de nouvel album de Tintin après sa mort parce que Tintin est sa Madame Bovary. Tintin, c’est lui, avec ses qualités et ses défauts. À quoi bon rêver d’imitations !

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  • Mmmm.
    Je me demande si cela vient directement des patrons ou si le service juridique est en roue libre et attaque à chaque occasion pour justifier l’argent qu’il touche de Moulinsart.

    Cela me surprend même que le service juridique n’ait pas demandé le retrait de l’alphabet des lettres T I et N. Peut-être pour une prochaine occasion ?

    En tout cas, à force d’attaquer de toutes part, le résultat sera que T... (je me méfie...) va finir dans un bocal d’alcool, momifié et aussi mort et oublié que la carrière de Fillon.

    Ou comme tuer ce que l’on veut protéger.

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    • Répondu par Sergio Salma le 8 septembre 2019 à  14:47 :

      Il y a encore des artistes et des galeries qui ont pas encore compris ? !

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    • Répondu par Michaël PALARD le 8 septembre 2019 à  15:17 :

      Mais c’est qui ce "Tintin" dont vous parlez ???

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      • Répondu par Henri Khanan le 8 septembre 2019 à  19:33 :

        Il est plus connu sous le surnom TNT !

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  • c’est d’une bêtise absolue. Mais les gestionnaires doivent gérer et faire des profits pour les actionnaires.
    J’aime bien l’idée -et les peintures.
    Pour moi, il n’y a pas plagiat mais hommage ; Ça ne sert pas à grand chose mais je suis solidaire.
    jls

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    • Répondu le 9 septembre 2019 à  10:33 :

      Ce n’est pas d’une bêtise absolue de la part de Moulinsart mais de la part d’Atak.
      Ce n’est pas une question de plagiat mais de se faire du fric facile dans le dos d’une propriété en déguisant des productions en hommages.
      Atak aurait mieux fait de commencer par contacter Moulinsart et de proposer son projet. Moulinsart aurait étudié la question et donné son aval ou pas. Et si c’est non, c’est non.
      Jouer au punk pour faire parler de soi, ça me fait doucement rigoler tellement c’est convenu.
      Si Moulinsart a envie de confier ou pas l’univers de Tintin pour une adaptation audiovisuelle, des sculptures, des sérigraphies voire des peintures produites par des artistes renommés, c’est son droit. Aucune bêtise absolue à vouloir préserver l’œuvre d’un auteur et de ne pas laisser n’importe qui se l’approprier n’importe comment.
      Tintin est une œuvre populaire mais aussi une propriété intellectuelle donc, une propriété privée. Et nul n’est censé ignorer la loi.

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      • Répondu par Nick_Rodwell le 9 septembre 2019 à  14:24 :

        Très bien dit !

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        • Répondu par Bruno Lompech le 9 septembre 2019 à  16:58 :

          Que penser alors de cette sérigraphie représentant Tintin au comptoir d’un bar, cigarette à la main, Milou au pied, Journal déployé sur le comptoir annonçant la mort d’Hergé ? Sérigraphie que je possède depuis fort longtemps et qui me rappelle cette immense perte. Un plagiat éhonté ? un business pour se faire de l’argent sur le dos des ayants droits ? Propriété intellectuelle, certes, mais sincèrement quand on voit le business autour des produits dérivés légaux peut on penser que ces "hold up" plus ou moins valables artistiquement parlant représentent un danger pour l’intégrité de l’oeuvre du génie qu’était Hergé ? Les admirateurs d’Hergé seraient si stupides au point de délaisser l’original pour ces quelques interprétations ? Sans doute ne sont elles pas moins mercantiles que les Éditions Moulinsart qui ne s’honorent pas vraiment par une telle attitude.

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          • Répondu le 9 septembre 2019 à  18:16 :

            Tintin au bar. Ce dessin d’Estève Fort date de 1983. L’année de la disparition d’Hergé. Avec le temps, Moulinsart a changé sa stratégie parce qu’il y avait sur le marché, probablement beaucoup trop de produits et d’hommages qui parasitaient l’œuvre et ne la servait pas. Ces produits de qualités diverses rendaient Tintin et son univers illisible. Que Moulinsart cherche à proposer sur le marché des produits de la meilleure qualité possible et les plus respectueux possibles de l’œuvre d’origine, ça ne me dérange pas. Au contraire, cela renforce la cohérence de l’œuvre et évite de l’atomiser comme c’est le cas pour Spirou ou certains super-héros américains. Très sincèrement, je crois qu’il n’y a pas de vulgarité admissible avec Tintin. La politique de marque de Moulinsart est calquée sur la philosophie Ligne Claire d’Hergé et c’est mieux ainsi. Monsieur Rodwell ne fait que respecter l’œuvre qui lui est confiée.

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            • Répondu par Bruno Lompech le 10 septembre 2019 à  00:04 :

              je vous cite : Avec le temps, Moulinsart a changé sa stratégie parce qu’il y avait sur le marché, probablement beaucoup trop de produits et d’hommages qui parasitaient l’œuvre et ne la servait pas. Ces produits de qualités diverses rendaient Tintin et son univers illisible....
              c’est faire peu de cas de la capacité des admirateurs d’Hergé de trier le grain de l’ivraie. Pour ma part il n’y a rien d’illisible : il y ...avait Hergé et les autres. Point n’est besoin de me prendre par la main pour éclairer mon jugement sur les agissements des différents acteurs de ces "mini - affaires " que sont ces dommages/ plagiats ou détournements. Les intérêts de chaque partie sont motivés par moult raisons dont certaines, des 2 "côtés " n’apparaissent que mercantiles. Que penser là encore de la réaction totalement disproportionnée de "Moulinsart" quant à la présence de la fusée sur l’affiche devant célébrer les 30 ans du Musée de la BD de Bruxelles. Une affiche dont on apprend qu’elle n’avait pas vertu à être commercialisée de plus... On.se demande s’il n’aurait pas fallu en confier la commercialisation aux Editions Moulinsart pour que le projet initial voit le jour.... c’est ridicule...Les parodies de Blake et Mortimer ont laissé place à de magnifiques hommages qui ne font pas oublier le génie d’Edgard P. Jacobs mais le renforce. Il faut accepter que la popularité de Tintin donne envie d’une certaine appropriation à l’imaginaire commun des admirateurs et que certaines pratiques soient autorisées. Nous saurons reconnaître le génie là ou il est.

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              • Répondu le 10 septembre 2019 à  08:20 :

                Les admirateurs d’Hergé ne sont heureusement pas tous des fanatiques religieux qui ont besoin de fausses reliques produites des siècles après la mort de leur idole.

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                • Répondu le 11 septembre 2019 à  23:43 :

                  Entièrement d’accord. Pour autant vous ne repondez pas sur le fond de ma précédente réponse. A moins que vous ne pensiez que le contenu de mes interventions laissent à penser que je suis, je vous cite : un fanatique religieux... ce que je ne suis pas. Admirateur au sens simple : j’ai une collection de Tintin divers et variés, quelques Pixie achetés à une époque où ils etaient autorisé, des personnages achetés en magasin. Rien de très religieux dans tout ça et pas fanatique pour un rond. Juste interpellé par la réaction démesurée de Moulinsart et notamment pour ce qui concerne l’affiche des 30 ans du Musée de la BD de Bruxelles. J’aimerai avoir votre sentiment sur ce sujet moins polémique que plur l’expo d’Atak où là de l’argent sur le dos des ayants droits d’Hergé pouvait se faire. Votre réponse sybiline à mon post précédent me mais mal à l’aise. Je ne suis pas sûr de ne pas être comparé à quelqu’un que je ne suis pas. Je n’aime pas particulièrement polémiquer, j’aime au contraire les discussions argumentées et en l’état votre réponse n’apporte aucun argumentaire permettant d’enrichir l’échange. C’est bien dommage.
                   :

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                  • Répondu le 12 septembre 2019 à  10:15 :

                    La réaction de Moulinsart n’est pas démesurée. C’est l’époque qui par fausse notre jugement par son laxisme ultra-libéral. L’ultra-libéralisme qui veut laisser croire que tout est permis et qu’on peut faire des profits sans respecter les droits des personnes et l’intérêt général. Ce qui s’affiche comme punk et libertaire cache en réalité le pire des capitalismes. Tout le contraire. Ce fameux conservatisme de l’originalité que critique Régis Debray dans son dernier ouvrage. À cette pseudo-originalité, je préfère le classicisme éternellement moderne d’Hergé et le libéralisme de Moulinsart.
                    Si Atak avait proposé son projet à Moulinsart, peut-être l’auraient-ils soutenu et peut-être qu’Aak aurait eu droit à une expo au Musée Hergé. Jouez au pirate libertaire avec une œuvre qui n’est pas dans le domaine public, c’est se prendre le mur.
                    Si on respecte l’œuvre d’un artiste disparu, il faut aussi respecter les ayants droit qui ont la lourde charge d’en préserver l’intégrité. Seul Moulinsart est habilité à la développer ou non l’œuvre d’Hergé. Que ça plaise aux fans ou pas.

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                    • Répondu par Bruno Lompech le 12 septembre 2019 à  11:01 :

                      re bonjour, je ne dois pas être assez clairs dans mes propos : je suis d’accord avec Moulinsart quant à sa décision concernant l’expo d’Atak. Par contre j’aerai avoir votre avis sur la decisions de Moulinsart de refuser l’utilisation de la fusée de Tintin pour l’affiche des 30 ans du Musée de la BD de Bruxelles. Vous ne répondez toujours pas.
                      merci

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                      • Répondu le 12 septembre 2019 à  13:40 :

                        Est-ce que Coca-Cola accepterait qu’on utilise une de ses bouteilles pour vendre autre chose que du Coca-Cola.
                        La fusée de Tintin est une marque.
                        Tintin est devenue une marque comme Mickey.
                        Pour éviter de tomber dans le domaine public, Mickey est devenu la marque de Disney.

                        Est-ce que le but de l’affiche est de vendre les 30 ans du CBBD ou d’utiliser des personnages de bandes dessinées pour vendre du CBBD ?
                        Où est la frontière entre hommage et détournement de marque ?
                        C’est une question de propriété intellectuelle complexe et intéressante.

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                      • Répondu le 12 septembre 2019 à  13:43 :

                        Et j’ajoute que si vous voulez voir du Hergé et la fusée de Tintin, le musée où aller n’est pas le CBBD mais le musée Hergé.

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                        • Répondu par Bruno Lompech le 13 septembre 2019 à  11:46 :

                          Merci..Je connais très bien le Musée de Louvain la Neuve...
                          Et je ne pense pas que les 2 lieux se fassent de l’ombre et il serait bien présomptueux de penser qu’à elle seule la fusée aurait donné l’envie d’aller au Musée de Bruxelles ...Non , décidément dans ce cas précis je trouve démesurée et déplacée l’attitude de Moulinsart. Le parallèle avec Coca est inapproprié. La politique commerciale de Coca a fait beaucoup plus de mal dans le monde que de bien. Ce n’est en aucun cas ce que fit Hergé de son vivant et je ne prête pas les nuisances de Coca a Moulinsart. Quant à Disney...
                          Cordialement

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                          • Répondu le 14 septembre 2019 à  21:46 :

                            Je ne vous parle pas de la qualité du produit vendu. Bien sûr que Tintin n’est pas Coca ! Mais Tintin est une œuvre qui a utilisé l’industrie pour se créer et une œuvre devenue une marque.

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                            • Répondu par Bruno Lompech le 15 septembre 2019 à  00:38 :

                              Bonsoir,
                              vous avez l’art de répondre toujours un peu à côté à la question posée. Je ne parle à aucun moment de la qualité du produit Coca. Et je ne fais aucun rapprochement entre les 2 produits ni en valeur ni en marketing. C’est vous qui avez mal choisi cette comparaison pour tenter d’argumenter sur ce que doit être en définitive la "propriété intellectuelle " et sa défense. Vous ne m’avez pas totalement convaincu et surtout, concernant l’affiche , restons mesuré, la présence prévue de la fusée n’avait d’autre but que de rejoindre le Panthéon des imageries populaires et universelles des icônes de la BD. Je maintien qu’il est présomptueux de penser qu’à elle seule la fusée aurait donné l’envie d’aller au Musée de Bruxelles pour commémorer ses 30 ans. Et sur ce sujet votre argumentation reste pauvre.
                              Cordialement

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                              • Répondu le 15 septembre 2019 à  12:27 :

                                Vous fatiguez avec votre affiche. Elle est moche. Rein pour que pour cette raison, tant mieux si la fusée de Tintin n’y est pas. Je préfère 100 fois une couverture de Tintin. Le droit moral est aussi le doit de dire non à la laideur.

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                                • Répondu par Bruno Lompech le 15 septembre 2019 à  18:32 :

                                  Restez correct..La laideur... un concept... ne lisez pas ces échanges si ceuc ci vous fatiguent. Au passage je sjis d’accord avec vous, je préfère une couverture d’un album à cette affiche. Mais là n’est pas le propos. Et lorsqu’on voit les différentes réactions dans la presse et les réseaux sociaux ont peut s’attendre à des échanges intéressants. Pas un lynchage avec argumentaire pauvre.
                                  Cordialement

                                  Répondre à ce message

          • Répondu par moog le 10 septembre 2019 à  22:19 :

            Très bien dit !

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  • Moulinsart SA obtient la fermeture d’une exposition du Off de BDFIL
    11 septembre 2019 11:34, par Jean-Michel ROBERGE

    La position de la société Moulinsart est claire : faire respecter le droit moral du talentueux Hergé. On parle de gros sous mais on oublie un peu vite que c’est Fanny Rodwell qui a financé toute seule comme une grande ce magnifique Musée Hergé à Louvain-la-neuve. Ce lieu est magique. Il met en valeur Hergé mais pas que, il met en lumière le talent des dessinateurs franco-belges et la difficulté existentielle des dessinateurs et des scénaristes face à la feuille blanche. On voit sur les planches et les crayonnés d’Hergé que chaque jour il faut prendre des décisions concernant un visage, une attitude de personnages et que cela est délicat et épuisant. Défendre le droit moral est important, car Hergé a consacré plus de 50 ans de sa vie à ses personnages. Ce problème n’est pas celui de Moulinsart mais de tous les créateurs et de leurs ayants droit. A-t-on le droit de modifier une oeuvre. Peut-on changer la fin de Carmen ! La parodie doit pouvoir exister mais pas la contrefaçon. On reproche le côté mercantile de la chose mais lorsque le musée du Louvre vend des reproductions en résine de la Victoire de Samothrace de 18 cm alors que la statut mesure 5 mètres de haut ,de la Vénus de Milo ou de la tête de Néfertiti, ce n’est pas du mercantilisme honteux, mais personne ne proteste. Même si cela peut paraître excessif Moulinsart a raison.

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    • Répondu par gérald le 11 septembre 2019 à  13:38 :

      Les avocats sont faits pour gagner de l’argent facile, ceux de Moulinsart n’auraient pas manqué de citer en justice Duchamp pour avoir mis des moustaches à la Joconde.....tout le monde a le droit de se réapproprier des mythes qu’ils soient littéraires ou picturaux ! Baste de sacralisations ridicules !

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      • Répondu le 11 septembre 2019 à  15:00 :

        Vous vous croyez libertaire alors que vous pensez comme un consommateur ultra-libéral.

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    • Répondu par Bruno Lompech le 11 septembre 2019 à  23:51 :

      bonsoir,
      pour ma part je ne reprocherai pas à Moulinsart de défendre l’intégrité de l’oeuvre d’Hergé. je suis plus choqué par l’interdiction de la reproduction de la fusée de Tintin sur l’affiche prévue plur la commémoration des 30 ans du Musée de la BD de Bruxelles. Ce qui m’a fait utiliser l’adjectif mercantile pour cette réaction que j’ai aussi qualifiée de disproportionnée dans un post sur ce site.

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