Léon ne fait que décevoir ses parents : ceux-ci aimeraient le voir faire de grandes études, à l’image de sa grande sœur, future médecin. Mais Léon semble ailleurs : il rêvasse et il préfère regarder les fourmis, allongé sous un arbre. Il arrose même les mauvaises herbes : n’est-il pas un peu simplet...? Poussé vers la sortie du domicile familial de ses parents, il s’installe chez sa grand-mère et trouve un travail au service des parcs et jardins de la ville.
Rose a pas mal bourlingué : issue d’un milieu social qui l’a conduite à trier le charbon dès l’âge de 16 ans, elle a par la suite été chanteuse de jazz dans des cabarets un peu minables où elle n’était pas considérée. Elle n’a désormais qu’une maigre retraite et n’attend plus grand chose de la vie. Par le biais de la grand-mère de Léon, ces deux personnages se rencontrent et s’apprivoisent. Contraints par la précarité de leur vie, ils cohabitent et apprennent à s’aimer, au-delà des préjugés, de leur différence d’âge et des regards réprobateurs du voisinage.
Découpé en cinq chapitres, le récit frappe par sa sensibilité. D’abord, en raison de l’amour entre Léon et Rose, raconté avec tact, souvent par allusions, où le couple échange dans des dialogues profonds. Ensuite, en raison du graphisme fait de lumières pâles qui donnent l’impression d’ouvrir un vieil album fragile qu’on a peur d’abîmer. Enfin, parce qu’il met en scène des êtres d’une grande humanité, qui retrouvent le goût des petits bonheurs quotidiens, et se découvrent enfin une place dans une vie qui les a souvent rejetés. Le récit est parfois entrecoupé, à chaque début de chapitre, par des considérations poétiques qui donnent un rythme léger à l’action. Nadine Van der Straeten, que l’on avait déjà croisée à l’occasion de son ouvrage sur Jeanne Hébuterne, parvient avec brio à nous émouvoir.
(par Damien Boone)
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