D’abord soulignons ce fait : ces distinctions, certes nombreuses car elles distinguent 48 catégories d’excellence aussi bien dans le domaine des créateurs (dessinateurs, scénaristes,…), que des audiences visées (pour adulte, pour la jeunesse,…), des catégories éditoriales (séries, album seul, roman graphique, humour, édition autochtone ou étrangères,…), du type d’ouvrage publié (réédition, anthologie, essai sur la BD, magazine, webcomic…), des qualités éditoriales (meilleure publication, meilleure direction éditoriale…) , voire commerciale (meilleur libraire…), que de ce que l’on appelle les « petites mains » mais dont l’apport est parfois déterminant dans la réussite du livre (coloriste, maquettiste, lettreur…) sans oublier un « Hall of Fame » pour les grands noms du métier.
Le jury, cornaqué depuis 1990 par Jackie Estrada, comporte six membres connus pour leurs qualités de propagandistes de la BD comme organisateur de festivals, bibliothécaire, éditeur ou libraire.
Un appel à soumission est fait auprès des éditeurs au début de l’année sur 25 des 48 catégories. Le jury de présélection fait son tri, sort de son chapeau la liste des nominés puis, à l’exemple des Oscars, c’est toute l’industrie qui vote, des auteurs aux éditeurs en passant par les libraires spécialisés. Les gagnants seront annoncés le 22 juillet prochain.
On est loin du gloubi-boulga illisible des Essentiels d’Angoulême que l’on appelle à réformer depuis des années. Les Eisner Awards ambitionnent d’offrir un aperçu le plus large possible de ce qui se publie dans le domaine de la bande dessinée « des travaux autobiographiques les plus intimes aux ouvrages populaires pour enfants et ou pour la jeunesse, à la réédition luxueuse la plus sophistiquée. »
Et ils y arrivent car nos amis américains ne sont pas englués dans des combats d’arrière-garde pour une bande dessinée d’auteur frappée au coin de l’idéologie la plus obtuse. Ils récompensent « l’industrie de la bande dessinée » (littéralement « The Comics Industry Awards ») dans son ensemble, sans œillère, sans a priori.
Tout au plus constatent-ils cette année que, « contrairement aux années précédentes, les bandes dessinées de super-héros sont très en minorité cette année. »
Les Français, dix fois nommés
Par voie de conséquence, les Français sont mieux représentés cette année avec dix nominations :
Deux pour C’était la guerre des tranchées de Tardi (Casterman, publiée chez Fantagraphics) dans les catégories « meilleure BD documentaire » et « meilleure œuvre étrangère »,
une pour Le Petit Prince de Joann Sfar d’après Antoine de St-Exupéry (Gallimard, publiée par Houghton Mifflin Harcourt) dans la catégorie « Meilleure adaptation »,
- une pour L’Incal d’Alejandro Jodorowsky & Moebius, dans la catégorie « Meilleure réédition »
une pour Le Tueur : Modus Vivendi de Matz & Luc Jacamon (Casterman, publiée par Archaïa), dans la catégorie « meilleure œuvre étrangère »,
une pour Roi rose de David B d’après Pierre Mac Orlan (Gallimard, publiée par Fantagraphics), dans la catégorie « meilleure œuvre étrangère »,
une pour Salvatore de Nicolas de Crécy (Dupuis, publiée par NBM), dans la catégorie « meilleure œuvre étrangère »,
une pour Aux Heures impaires d’Éric Liberge (Futuropolis, publiée par NBM),
Une pour Le Roi des mouches de Mezzo & Pirus T1 (Drugstore, publiée par Fantagraphics), dans la catégorie « meilleure œuvre étrangère »,
Une pour le collectif "Corée" dirigé par Nicolas Finet (Casterman Écritures, publiée par Fanfare & Midot ; Ponent Mon) dans la catégorie « Meilleur recueil d’histoires courtes. »
Un joli palmarès qui montre que le jury américain sait apprécier à sa juste mesure la diversité de la production francophone.
On notera aussi la présence dans les œuvres nommées de Blacksad de l’Espagnol Juanjo Guarnido (Dargaud, publiée par Dark Horse) et Les Noceurs du Belge Brecht Evens (Actes Sud, publiée par Drawn & Quaterly) dans la catégorie meilleure auteur de couleur directe / artiste multimédia.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Pour avoir la liste complète des nominés : Voir le site de la Comic Con’ International de San Diego (Sold Out, plus de ticket d’entrée disponibles)
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