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Richard McGuire en visite à Paris pour sa première rétrospective à Fotokino

Par Jorge Sanchez le 19 décembre 2021                      Lien  
Du 3 décembre 2021 au 31 janvier 2022, l'espace Fotokino à Marseille présente Sound and Vision, une rétrospective à l'honneur de Richard McGuire (Fauve d'or à Angoulême en 2016), auteur de BD et illustrateur éminent du New Yorker, du Monde et du NY Times, son parcours étant l'un des plus éclectique de l'avant-garde new yorkaise. Il était mardi dernier à la Villa Belleville dans une rencontre menée par Yassine de Vos, Frédéric Déjean et Vincent Tuset-Anrès, directeur de Fotokino.

Auteur aussi prolifique qu’éclectique, Richard McGuire fait partie d’une catégorie assez rare : celle des auteurs aux talents multiples, capables de composer avec des univers aussi divers que la musique punk, les jouets pour enfants, le street art ou encore la BD, tout en ayant du succès dans chacune de ces disciplines.

Richard McGuire en visite à Paris pour sa première rétrospective à Fotokino
Richard McGuire signant des affiches à la Villa Belleville
Photo : Jorge Sanchez

Né en 1957 dans le New Jersey, il achève des études en sculpture à l’université de Rutgers et intègre (avec Basquiat et Keith Haring !), vers la fin des années 1970, la bande des jeunes artistes de la scène new yorkaise passionnés de pop art et de graffitis, tout en jouant comme musicien pour le groupe Liquid Idiot (ensuite devenu Liquid Liquid).

My Things, ré-édition en Risographie par Fotokino
My Things, ré-édition en Risographie par Fotokino

Comme pour beaucoup de créateurs novices, son début de carrière est difficile, il doit alterner ses moments de création avec des emplois précaires qui lui permettent de payer ses factures. Sa seule différence est qu’il fera de la créativité sa principale ressource pécuniaire dans le choix de ses emplois divers. Il développe ainsi durant ces premières années une aptitude singulière à aller au-delà des conventions du médium et à implémenter ses acquis éclectiques dans son art.

Couverture pour le New Yorker de 1993
© Richard McGuire & The New Yorker .

En 1993, il réussit à placer une première couverture pour le New Yorker avec une image tête-bêche pour le Nouvel An, que les lecteurs pouvaient apprécier à l’endroit comme à l’envers. C’est le début d’une collaboration intense qui fera de lui l’une des figures de proue de l’illustration nord-américaine.

Reflet de ce parcours vaste et divers, l’exposition à Fotokino nous offre pour la première fois une rétrospective englobant toutes les dimensions de son œuvre : affiches, graphes, jouets, planches de BD, illustrations pour le New Yorker… Les murs du centre d’art phocéen ressemblent d’emblée plus à ceux d’un atelier en vrac qu’un musée !

Après la visite de son expo à Marseille, sa présence à Paris mardi dernier a été sans doute l’occasion parfaite pour lui poser quelques questions, en commençant par interroger son parcours dans le monde de la BD...

Couverture pour le New Yorker de 1995
© Richard McGuire & The New Yorker .

Richard McGuire : Pour être franc, je me suis toujours considéré comme un plasticien, un sculpteur, puis tout le reste ! Mes influences viennent de partout, et c’est grâce à Spiegelman, l’auteur de Maus, que je me suis motivé à faire des romans graphiques pour adultes. Pour moi, faire de la BD, je l’ai compris comme un exercice pour trouver et définir un code de formes capables de fonctionner dans plusieurs scénarios, comme le dit Spiegelman, « les BD sont des diagrammes ! ».

En effet, dans votre travail, on trouve volontiers plus de superpositions des cases que de cohabitations entre elles comme dans un gaufrier classique...

C’est simplement parce que je me concentre plus sur la structure que sur la narration. Par exemple, pour construire mon ouvrage Here (Ici) [1], j’ai dû construire une maquette afin de me faire une idée de l’espace et les nuances des couleurs et des lumières. Le plus souvent, je pense comme un sculpteur qui doit arranger des volumes avec harmonie.

Dans vos illustrations et vos bandes dessinées, l’espace urbain est souvent un territoire composé de plusieurs temporalités et spatialités sonores. En quoi l’expérience du confinement a-t-elle pu changer ou enrichir cela ?

Justement, au début de la pandémie, j’ai décidé de déménager dans un petit village au nord de New York. Dans ce nouveau milieu rural, j’ai pu découvrir une nouvelle sensibilité. J’ai apprécié comment les sons de la nature peuvent devenir une nouvelle source d’inspiration. Après des années dans une grande ville, on devient beaucoup plus attentif aux nuances. Ma nouvelle ambition est justement la transcription visuelle (narrative si l’on veut) de l’expérience sonore. C’est là la raison de mon nouveau livre, dont un petit contingent a été imprimé par Fotokino : Listen, qui est une démonstration de cela.

Exposition de Richard McGuire à Fotokino
Exposition de Richard McGuire à Fotokino. Photo : Jorge Sanchez

Dans ce petit livre d’une soixantaine de pages, des lignes et des formes géométriques évoluent sur un fond monochrome et illustrent les différents sons que l’auteur a nommés et disposés sur les rebords des cadres.

Objet hétéroclite, évoluant entre la poésie visuelle et les compositions minimalistes de ses planches de presse, McGuire n’a sans doute pas cessé sa quête du renouveau au-delà des conventions !

Livre Listen, 64 pages, A5, éditions Fotokino.
© Richard McGuire & Fotokino
Richard McGuire et Vincent Tuset-Anrès directeur de Fotokino
Photo : Jorge Sanchez

Voir en ligne : Sound and Vision

(par Jorge Sanchez)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782070652440

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