Daniel, mieux connu sous le nom de Sandman (le marchand de sable) alias Morphée, a disparu sans laisser de trace. Même son plus fidèle bras droit, le bibliothécaire des lieux, n’est au courant de rien.
Ce n’est pourtant pas la première fois que l’Infini disparait – si on se réfère au premier tome de la série principale Préludes et Nocturnes aux éditions Delcourt. Mais ce coup-ci, ses alliés sont désemparés ! Le ciel du pays des rêves se fissure ; des créatures, plus proches des zombies que des entités fantasmées, se répandent comme une trainée de poudre… et un démon tente même de pénétrer le royaume, ce qui lui est pourtant strictement interdit.
En réaction, Lucien et Mervyn tentent le tout pour le tout ! L’ordre doit régner en l’absence du Seigneur et personne n’est plus droit et sévère que le juge Ezekiel Potence, la personnification cauchemardesque de la plus terrible sentence qui fut durant des décennies. Or, l’invoquer peut s’avérer risqué. Les plus anciens mythes majeurs, comme Ève ou encore Abel et Caïn, ne sont pas partisans de cette idée… à raison : outre sa rigueur légendaire, le juge est aussi empreint de despotisme au point de vouloir devenir le nouveau maître des lieux.
Ainsi commence une lutte acharnée entre les mythes protecteurs du royaume et le juge accompagné de son armée. Il faut agir et vite ! En l’absence de Daniel le blanc, le Songe se meurt. Seule la jeune Dora semble être la solution pour retrouver le marchand de sable, et par la même occasion ramener l’ordre dans cet univers.
Mais la jeune femme est farouche. Grâce à son don unique lui permettant de traverser les univers, elle est difficile à attraper et encore plus coriace à convaincre pour les aider à retrouver Morphée.
Voici une première partie d’ouvrage qui s’avère onirique, envoûtante et déstabilisante, tant pour le lecteur que pour les protagonistes d’ailleurs. Le graphisme est une parfaite représentation du monde des rêves comme on pourrait l’imaginer : des couleurs éparses, flamboyantes ; des forêts de végétaux inconnus, bizarres et des créatures inimaginables, émanant des plus anciens souvenirs du monde. Pas étonnant qu’il fallut quatre dessinateurs rien que pour les deux premiers chapitres ! Bilquis Evely, Tom Fowler ainsi que Max et Sebastian Fiumara furent bien nécessaires pour mettre sur papier l’imaginaire de Neil Gaiman.
Un travail d’équipe pourtant bien compartimenté dans les séquences qui composent cette première partie entre songe et réalité, prouvant, si cela était encore nécessaire, que l’un n’est rien sans l’autre et inversement, de même qu’il existe un lien entre tous les univers.
Une connexion que l’on retrouve en filigarne tout le long de ce premier tome, mais davantage encore à partir du chapitre VIII : l’amour.
La guerre qui faisait rage au royaume des rêves s’est terminée par une énorme explosion. C’est néanmoins à cause de Dora que Lucien, le bibliothécaire, s’est retrouvé projeté dans notre monde ! D’emblée, le graphisme change du tout au tout, bien que toujours d’excellente facture. Les artistes à l’ouvrage ont dû réussir le tour de force de rester convaincants tout en assurant des décors moins flamboyants. La Terre semble bien fade à côté du Songe, mais Bilquis Evely et Abigail Larson s’ajustent parfaitement avec le scénario de Simon Spurrier, seul aux commandes durant la majeure partie de ce premier tome riche en rebondissements, aidé uniquement pour le premier chapitre par Kat Howard, Nalo Hopkinson et Dan Watters.
Autant dire que le trio Neil Gaiman, Simon Spurrier et Bilquis Evely a véritablement réussi à relancer la machine The Sandman avec panache tout en laissant présager une série Netflix aussi fantasmagorique (prévue dans le courant de cette année 2022), à travers les différents univers que Dora va devoir traverser pour retrouver Daniel le Blanc, lui-même lancé dans une quête bien mystérieuse.
(par Marc Vandermeer)
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Sandman : The Dreaming T. 1. Scénario : Simon Spurrier & Dan Watters. Dessin : Bilquis Evely & Collectif. Editeur : Urban Comics. 280 pages. Sortie : le 11 février 2022. Prix : 23 euros.
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