La couverture de ce troisième opus de The Dreaming, Waking Hours, dessinée par Nick Robles (graphiste principal du tome) est truffée d’indices pour qui sait regarder. En effet, l’entame de cette aventure plonge dans les rêves d’une jeune doctorante en littérature, Lindy, mère célibataire d’un petit bébé écrivant sa thèse sur William Shakespeare. Le dramaturge anglais semble d’ailleurs avoir lui-même écrit le titre de ce volume alors qu’on peut voir Daniel le Blanc surplombé la scène tout en tenant les fils de l’intrigue qui va se nouer sous nos yeux.
Or, subtilité, le véritable personnage-clef est absent de cette couverture pour laisser un peu de magie et de suspense au lecteur. Ruine est un cauchemar créé par Daniel il y a moins de six mois. Mais ce que le Sandman ignore, c’est que ce beau jeune homme en apparence allait s’éprendre de son rêveur… Un véritable coup de foudre qui poussera Ruine à s’échapper par le biais du rêve de Lindy. Mais comme à son habitude, Ruine va tout gâcher et, au lieu de simplement sortir dans l’Éveil incognito, il va coincer Lindy dans le Songe avec une floppée de William Shakespeare tandis que lui sera au-dehors avec un bébé sur les bras, durant toute la partie intitulée "Le Barde et le Barde" (arc narratif s’étalant sur 5 chapitres).
Ne manquait plus que le royaume des fées pour compléter le tableau, lieu magique revenant régulièrement dans Sandman, au même titre que la Mort qu’on peut apercevoir l’espace d’un instant dans cet album, arborant pour l’occasion les traits qui furent les siens dans la série Netflix. En espérant revenir dans le Songe pour réparer ses erreurs, Ruine va tenter de rentrer par la féérie, mais depuis que Titania et Obéron ont été éjectés de leurs trônes, la vie et les règles du jeu ont drastiquement changé…
Un élément qui change peu, par contre, dans cet album : c’est le traitement graphique proposé principalement par Nick Robles avec son trait réaliste et minutieusement détaillé dans le moindre des aspects décoratifs, mais aussi et surtout dans l’expression du visage des protagonistes qui donnent corps au scénario de G. Willow Wilson. Les deux autres artistes ne sont pas en reste. Le dessinateur turc M.K.Perker à qui l’on attribue les chapitres 9, 10 et 11 conserve une cohérence graphique dans la partie intitulée "La Reine de Féérie" avec la partie faite par Robles. Un trait fort semblable, donc, à quelques détails près… Seul Javier Rodriguez a eu le champ plus libre lors des deux chapitres "Intermezzo" qui intervient, comme son nom l’indique, comme un entracte entre deux séquences. Il se permet des dessins plus pop, lisses et dynamiques. Également maître de la colorisation pour sa partie, celle-ci se veut plus flash et psychédélique, contrastant définitivement avec les couleurs de Matheus Lopes et Chris Sotomayor beaucoup plus pastels et douces au regard.
Encore une pépite à ajouter à la série Sandman. Presque tous les habitués sont présents, à l’exception des Eternels qui n’ont pas eu beaucoup de place dans les trois premiers titres de The Dreaming. Les fans pourront donc apercevoir la Mort, John Constantine, Mathew le corbeau et même l’Intendant à tête de citrouille. Sans oublier, pour l’occasion, William Shakespeare sous toutes les formes que les historiens ont pu lui conférer, un ange en exil, une sorcière bien connue et bien d’autres…
(par Marc Vandermeer)
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Sandman - The Dreaming : Working Hours. Scénario : G.Willow Wilson. Dessin : Nick Robles & Collectif. Editeur : Urban Comics. 296 pages. Sortie : le 30 septembre 2022. Prix : 24 euros.
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