On a l’impression qu’il est dans l’urgence, comme s’il avait une course à rattraper. En une poignée d’années, Jean-David Morvan, Prix Goscinny du scénario, nous a livré une série d’albums ayant trait à la Seconde Guerre mondiale : Irena d’abord, avec déjà le duo David Evrard et Walter , 5 volumes chez Glénat, Simone avec les mêmes dont vient de paraître le deuxième volume, et Madeleine résistante, avec Madeleine Riffaud et Dominique Bertail chez Dupuis, Adieu Birkenau avec Ginette Kolinka, Victor Matet, Cesc, Efa et Roger (Albin Michel). On peut y rajouter Les Amis de Spirou avec David Evrard et Walter (Ed. Dupuis) , ou encore La Ferme de l’enfant-Loup avec Facundo Percio. Prochainement, une bio de Missak Manoukian dont la sépulture reposera bientôt au Panthéon. Autant d’ouvrages qui racontent, explorent et interpellent la Seconde Guerre mondiale, la Shoah, la Résistance, les génocides…
Pourquoi cette course ? Par respect pour les témoins Simone Lagrange (décédée en 2016 à 85 ans), Madeleine Riffaud et Ginette Kolinka, toutes les deux parmi nous et (quasi) centenaires. Peut-être aussi parce qu’un peu partout dans le monde, la « bête immonde » se réveille, et avec elle sa compagne, la barbarie. Des BD pour faire travailler la mémoire donc, mais aussi pour apprendre à résister, on ne sait jamais…
Dans ce deuxième tome d’une série de trois, nous découvrons comment Simone, née Simy Kadosche, fut arrêtée avec ses parents, torturée par Klaus Barbie et envoyée vers une mort certaine à Auschwitz.
Mais comment parler de toutes ces choses, horribles, inhumaines à un large public ? Grâce à la naïveté lumineuse du dessin de David Evrard. Habitué des pages didactiques de la presse jeunesse, il sait montrer ces choses de façon très claire, sans voyeurisme, ni morbidité, ni pathos. C’est un des tours de force de cet album : raconter Birkenau sans faire d’erreur et sans choquer inutilement le lecteur.
L’autre tour de force est de mêler ces moments terribles du passé avec le récit contemporain du Procès Barbie, l’indentification formelle du criminel nazi par Simone Lagrange et les époux Beate & Serge Klarsfeld, sa condamnation sans équivoque. Il fallait un sacré talent pour arriver à atteindre ces objectifs. Morvan et ses camarades l’ont, sans conteste.
(par Didier Pasamonik - L’Agence BD)
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