Simone est une rescapée de la Shoah. Toute sa famille n’a pas eu sa chance. Elle se souvient de cette époque terrible où, à partir de novembre 1942, les Allemands avaient pris le contrôle de la « Zone libre » et poursuivi la chasse aux Juifs et aux résistants. À la vue de cet homme apparu subitement sur son petit écran, son cauchemar qu’elle croyait enfoui, resurgit.
Il a notamment le visage hideux d’une petite camarade dénonciatrice et celui d’une institutrice collaborant sans état d’âme avec les nazis. Ou comment l’inhumanité peut s’insinuer jusque dans les plus petits interstices de la société sous des prétextes divers…
Simone deviendra l’un des témoins-clé du procès Barbie, responsable notamment de la déportation des Enfants d’Izieu et de l’arrestation de Jean Moulin, créateur et président du Conseil national de la Résistance qui unifiait tous les mouvements de Résistance du pays.
Les auteurs d’Irena (chez le même éditeur, Glénat), Jean-David Morvan, Séverine Tréfouël et David Evrard, remettent le couvert dans leur travail de mémoire sur la Shoah et la Seconde Guerre mondiale, en s’intéressant à une jeune femme, déportée à Birkenau, revenue quasiment par miracle de l’enfer. Sa détermination aboutira à la condamnation de l’un des responsables les plus importants du génocide des juifs et des tsiganes en France et l’un de plus cruels bourreaux des résistants français.
Prévu pour être un triptyque, on retrouve dans cet album les qualités que Morvan et Evrard avaient développées dans Irena : l’histoire bouleversante et documentée d’une femme extraordinaire que l’Histoire avait quelque peu oubliée mais dont l’action méritait cependant d’être mise en lumière. L’avantage de l’approche graphique d’Evrard, c’est que son dessin « enfantin » permet d’évoquer des choses terribles, sans le voyeurisme et l’aspect traumatisant que revêt d’ordinaire la représentation de ces horreurs.
On est frappé par la qualité de la documentation qui sous-tend le scénario. Ainsi, dans la séquence de l’interrogatoire de Jean Moulin, on découvre quel était le métier d’origine de l’ancien préfet : illustrateur. S’adressant directement à l’intelligence du lecteur, la narration subtile de Morvan distille sentiments et informations avec une probante efficacité au moment où il est nécessaire de redécouvrir, alors que notre quotidien est rythmé par les terribles événements en Ukraine, le sens profond et nécessaire du mot « résistance. »
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Simone T.1 - Par Jean-David Morvan, Séverine Tréfouël et David Evrard - Glénat
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