Pour parler de lui, Colin s’est inventé un chat : « …grinçant, curieux voir indiscret, et surtout farceur… » Dandy, maniéré, théâtral : « À la fois tout ce que j’aime et que je déteste en moi. »
Voilà comment Colin se voit. Nous sommes dans un récit très personnel, enlevé, très bien dessiné, métaphorique, qui retrace un parcours artistique : le dessin, original, est une sorte de synthèse très contemporaine influencée par les mangas, mais pas seulement : il se bâtit un portrait sociologique, culturel, voire religieux de son entourage. Ainsi cette figure du grand-père juif marocain qui surnage dans une famille où la judéité n’est plus un sujet mais sur laquelle néanmoins les névroses des uns et des autres s’enferrent à qui mieux mieux ; sexuelle enfin, c’est l’âge qui veut ça.
Tout cela forme et déforme, angoisse et énerve, mais cela se traduit cependant par des couleurs douces, un trait vif et maîtrisé, un ton décalé et amusant, qui fait que l’on accompagne l’auteur au fil de ces 120 pages en se demandant où cela nous mène. À le rencontrer, tout simplement.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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