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Thomas Sirdey (Japan Expo 2014) : "Le secteur du manga se stabilise. Il ne chute pas."

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 30 juin 2014                      Lien  
Depuis quinze ans, Japan Expo accompagne l'expansion du manga dans notre pays. Au fil des ans, la manifestation de Villepinte s'est dupliquée en province (Sud, Centre...), en Belgique, aux USA. Un autre événement, le ComicCon Paris, était venu s'y adjoindre. Mais il est reporté sine die, comme le Japan Expo Belgium de cette année. Rencontre et explications.

15 ans de Japan Expo, avec le succès que l’on sait. Est-ce que cela vous a surpris ?

Jamais nous n’aurions pu croire que notre bande de copains passionnés qui organisaient des événements dans des grandes écoles aurait pu aller aussi loin avec le concept de Japan Expo. C’est une surprise en termes de dimension mais aussi de contenu, parce qu’aujourd’hui, il y a des éditeurs qui jouent leur année de promotion à Japan Expo, il y a des rencontres internationales entre les Européens et les Japonais... On ne savait même pas que cela se gérait comme cela à l’époque, les droits entre les pays. Ce sont des choses que l’on a découvertes avec l’expérience.

L’aventure de Japan Expo accompagne le succès des mangas. Est-ce que vous pensez avoir joué un rôle dans cela ?

Je pense que l’on a eu beaucoup de chance, mais on n’est pas là par hasard : nous avons dépensé beaucoup de passion et d’énergie. Quand on a commencé, c’était en plus du travail, des études. On a attendu 2007, que le salon soit suffisamment grand, pour qu’on puisse s’y consacrer à plein temps. Ce n’était pas simple.

Thomas Sirdey (Japan Expo 2014) : "Le secteur du manga se stabilise. Il ne chute pas."
Thomas Sirdey, vice-président de Japan Expo

Vous avez eu l’intelligence de vous mettre sur toutes une série de créneaux porteurs : les dessins animés, les jeux vidéo, la musique... Le papier, l’édition, la BD sont-ils en train de perdre du terrain ?

Je ne pense pas. Il faut raisonner non pas en terme de papier, mais de licence. Aujourd’hui, le plupart des licences qui sont motrices naissent dans les mangas, dans les journaux avant d’être recueillies en Tankobon. Ensuite, cela devient des jeux vidéo, des dessins animés, des films... Tant que la licence naîtra sur le support des mangas, ils resteront au centre.

Cette année, l’invité vedette de la manifestation vient du monde des jeux vidéo, alors que naguère, vous aviez d’énormes noms du manga, comme Go Nagaï ou Kazuo Koïke... Faut-il y voir un signe ?

Japan Expo n’a pas vocation à ne présenter que des mangas. Quand on a rencontré le papa de Goldorak, Go Nagaï, on l’a supplié de venir ! Quand on a rencontré Shigeru Miyamoto, le créateur mythique des jeux les plus célèbres de Nintendo, on a fait de même. Il y a seulement 170 millions de personnes en Europe qui l’attendent. Japan Expo se sent aussi bien dans le manga que dans le jeu vidéo. Si demain, c’est un grand nom de la mode ou de la musique, on sera toujours fiers de les promouvoir en tant qu’invités de marque. Après, on a un certain nombre de mangakas et de créateurs d’animation invités cette année, et non des moindres.

Le marché du manga se tasse ces derniers temps...

Le marché ralentit, mais un secteur qui fait une croissance à deux chiffres tout le temps, cela n’existe pas. Il y a des cycles de vie pour les produits. Le marché du manga a été en croissance forte pendant plus de dix ans, il fallait bien qu’à un moment donné, il se stabilise. Ce qui est intéressant, c’est qu’il ne chute pas, ce qui veut dire que le manga n’est pas une mode mais qu’il est durablement installé dans le paysage du livre en France.

On apprend les reports de ComicCon et de Japan Expo Belgium. Japan Expo serait-il malade de son gigantisme ?

Ce qui se passe, c’est que plutôt que de grandir pour ne mener à rien, il vaut mieux que l’on fasse des choix pour mettre chaque chose à un endroit où elle sera le mieux possible. En sortant le ComicCon et en le mettant à un endroit propice pour les participants, cela leur permettra de vivre une meilleure expérience qui apportera une plus-value à l’ensemble. Aujourd’hui, on a une saison sur Japan Expo qui est intéressante au début de l’été parce que l’on passe après certains événements internationaux dans le livre, ou dans le jeu vidéo, comme l’E3, et dans d’autres univers.

Or, la grande échéance du monde geek des comics a lieu à San Diego au milieu de l’été. Cela ne sert à rien de s’échiner, il vaut mieux que l’on fasse quelque chose à un moment autre, quand les contenus seront libérés, pour les présenter à notre public.

Japan Expo ne voisinera plus avec le ComicCon

Pour la Belgique, les raisons ne sont pas les mêmes mais on reste dans la même logique. Ca marchait, mais ce n’est pas parce que cela marche que c’est bien. Il faut que les gens repartent avec quelque chose de plus. Par ailleurs, nous n’avions pas encore trouvé la bonne solution pour être à la fois francophone et néerlandophone. Ce sont des problématiques comme cela qui nous interrogent. Si on veut passer le pas, il faut s’organiser bien pour que l’on puisse grandir. Il faut que l’on devienne "plus belges"... On avait commencé à communiquer vers les néerlandophones, mais une fois sur place, il y avait trop peu de contenus pour eux. Plutôt que d’insister, il vaut mieux se poser, regarder ce qui se passe, revoir sa copie et fournir quelque chose de plus consistant.

Est-ce que vous n’êtes pas saturés d’événements ?

Je ne pense pas. Parce qu’à chaque fois, on a dimensionné des équipes pour chaque événement. Le but n’est pas d’en faire le plus possible avec le moins de gens possible. On s’est professionnalisés. Au début, on était cinq, aujourd’hui, on est trente-cinq, on a largement de quoi faire des événements. Ce qui nécessite de nous adapter, c’est aussi que le Japon nous regarde de plus en plus et donc, on passe plus de temps avec les Japonais...

En revanche, l’édition US de Japan Expo en est à son 2e impact...

Comment va évoluer Japan Expo dans les dix ans qui viennent ?

Nous ne devons pas nous départir de notre mission qui est de ne pas aller dans la facilité, c’est à dire de suivre les tendances. Tant qu’à porter le manga, autant le faire jusqu’au bout. Ce n’est pas parce que le marché semble moins florissant qu’on ne va pas le défendre bec et ongles. Quand on a commencé, le marché était petit ; aujourd’hui il est grand et stabilisé. On va continuer à le pousser, comme tous les autres secteurs, avec des contenus vraiment sympas. Pour assurer une pérennité, il faut proposer constamment de nouvelles choses à découvrir, au-delà des contenus attendus comme le Cosplay ou la présence de mangakas célèbres. Il faut que chaque année les visiteurs repartent avec un truc qu’ils n’ont pas vu avant et qu’ils soient contents de l’avoir découvert.

Propos recueillis par Didier Pasamonik

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Japan Expo

Parc des Expositions de Villepinte (RER Parc des Expositions)

Du 2 au 6 juillet 2014.

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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

 
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