En effet, une fois n’est pas coutume, débutons par la fin : ce tome conclut le long fil rouge de l’ère moderne incarné par la situation de Mizuha, qui a pris maints détours, en relançant le conflit avec les Knockers de façon plus subtile et ambigüe. Cependant ce chemin, véritablement tortueux, n’aboutit pas à une conclusion très différente du précédent cycle.
Dans le détail, Yoshitoki Oima a utilisé dans cette longue partie les Knockers comme outil narratif pour explorer la problématique du suicide chez les adolescents, voire les enfants. Un sujet difficile porté principalement par le personnage de Mizuha qu’Imm, notre immortel, n’aura eu de cesse d’essayer d’aider sans beaucoup de succès.
Les Knockers ont offert une sorte de pacte à ces jeunes gens, mal dans leur peau et dans leur famille, qui aura semé le trouble dans l’esprit d’Imm sur ce qu’il doit faire : doit-il passer d’une guerre totale contre eux à une sorte de coexistence ?
Néanmoins la duperie et la violence dont ils font preuve dans cette grande bataille, se déroulant en parallèle dans deux lieux distincts, ne plaident pas pour une issue pacifique. C’est même tout le contraire avec un retour aux aspects les plus sombres et les plus dangereux de leur nature.
Les six derniers tomes, qui forment ce que nous appelons l’ère moderne, semblent avoir été une longue exploration de toutes les possibilités narratives offertes par les Knockers et des tentatives de réponses d’Imm. Un long dédale qui a débouché systématiquement sur des culs de sac. Au point que même dans ce final, il a fallu l’intervention de l’Homme à la Capuche, et de ses pouvoirs omniscients, pour résoudre une partie des intrigues.
Ainsi, en dépit de thèmes forts et d’un épilogue heureux pour les nouveaux amis d’Imm en cette ère moderne, nous avons le sentiment d’avoir tourné en rond concernant l’intrigue générale. Imm n’a pas réellement progressé sur la compréhension de ses propres désirs et sur ses relations avec les autres, tandis que la menace des Knockers reste entière, n’ayant variée que par un nouveau mode opératoire.
Une conclusion de cycle frustrante pour un titre qui reste néanmoins toujours intéressant par l’univers singulier qu’il propose.
(par Guillaume Boutet)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
To Your Eternity T. 18. Par Yoshitoki Oima. Traduction Thibaud Desbief. Pika Édition, collection "Shônen". Sortie le 7 décembre 2022. 192 pages. 6,95 euros.
To Your Eternity sur ActuaBD :
Lire la chronique du tome 1
Lire la chronique du tome 3
Lire la chronique du tome 4
Lire la chronique du tome 9
Lire la chronique du tome 12
Lire la chronique du tome 15
Yoshitoki Oima sur ActuaBD :
Lire la chronique du tome 1 de A Silent Voice