Sujet parfois abordé dans les médias généralistes, l’exil ne concerne pas que les populations en grande difficulté. En présentant des témoignages de guyanais rejoignant la métropole, Emmelyne Octavie éclaire une migration qui ne dit pas son nom. Car rappelons-le, la Guyane est en Amérique du Sud, et a plus à voir avec le Brésil ou Haïti qu’avec l’Auvergne. Les trajectoires migratoires de ces français d’Amérique n’ont finalement qu’un élément rassurant : la langue française.
Riche de rencontres variées et de profils divers, Un Billet pour l’exil présente toute la variété de ces voyages, parfois sans retour, bercés par une nostalgie poignante et une découverte contrastée de l’hexagone. La différence des motifs de départ et des sentiments qui s’expriment dans le récit évite toute impression de répétition. Le dessin précis et détaillé de Samuel Figuière parvient à rendre aussi bien Paris ou Lille que les couleurs luxuriantes de la Guyane. Il s’attache aux expressions du visage comme un portraitiste, parfois avec justesse, parfois moins, quand les personnages paraissent légèrement figés.
Ce recueil pointe très justement les paradoxes de ces territoires censément éléments de la République française, mais qui sont bel et bien un autre pays. La pertinence de l’aspect "reportage" lui donne un intérêt bien au-delà de cette particularité, qui vaudrait aussi pour les néo-calédoniens, réunionnais et antillais, entre autres.
(par David TAUGIS)
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