Quelque part dans l’univers, les Firsts, des êtres humains, se sont installés sur la planète Jasperia et l’ont « terraformée. » Mais à l’arrivée des Seconds, une race non-humaine, une terrible guerre éclate pour la possession de la planète. Vingt ans plus tard, alors que les Firsts perdent toujours plus de terrain, Mana Oga est appelée par l’armée comme tous les jeunes de son âge.
Elle intègre une section spéciale de l’armée, « les forces spéciales de transfert », composée exclusivement de femmes. Grâce à l’implantation d’un fœtus extraterrestre dans leur utérus, elles développent un pouvoir de téléportation qui permet de réaliser des déplacements longue distance instantanés, un avantage stratégique crucial.
Publié au Japon en cinq tomes, de 2009 à 2016 chez Shôgakukan, le manga remporte l’année de sa conclusion le "Grand Prix Japonais de la Science-Fiction". Un fait remarquable car si le prix est ouvert à tous les médias, seuls trois mangas ont remporté ce prix depuis sa création. Les deux autres primés sont Dômu, rêves d’enfants (Katsuhiro Otomo) et Barbara Ikai (Moto Hagio).
Yumiko Shirai mélange donc dans son histoire récit de guerre et maternité. Ainsi la formation de l’héroïne suit celle de jeunes recrues un peu naïves, qui n’ont pas forcément conscience de l’horreur dans laquelle elles vont être lâchées, avec une instructrice sévère mais juste.
L’originalité, c’est qu’elles doivent apprendre à se battre en étant "enceinte". L’implantation du fœtus leur donne en effet tous les symptômes de la femme enceinte, jusqu’au ventre qui s’arrondit et grossit au cours des mois, mais sans pour autant donner naissance à un être vivant. Un état trouble, dont la vérité reste incertaine, posant la question de confiance envers l’armée, mais aussi celle du sacrifice de son corps pour la nation.
Ce premier tome pose toutes ces bases de façon efficace et intéressante, avec la première phase de tout récit de guerre : la formation des recrues. L’univers est décrit avec précision, quoiqu’encore entouré de mystère, et promet autant de drames que de bravoure. Les amateurs d’une science-fiction pointue devraient apprécier.
(par Guillaume Boutet)
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