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Angoulême 2020 : Emmanuel Guibert, Catherine Meurisse et Chris Ware en lice pour le Grand Prix

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 15 janvier 2020                      Lien  
TRIO GAGNANT. « Reverra-t-on cette année Emmanuel Guibert et Chris Ware ? Il y a des chances, surtout pour l’Américain. Il est probable que l’effet de l'action menée à l'encontre du Festival d'Angoulême en 2016 continuera de faire son effet… » écrivions-nous voici quelques jours. Le verdict est tombé : les votants ont remis le couvert pour Chris Ware et Emmanuel Guibert, tandis que - le progrès de la cause des femmes faisant son oeuvre - une femme figure à nouveau dans le trio de tête : Catherine Meurisse.
Angoulême 2020 : Emmanuel Guibert, Catherine Meurisse et Chris Ware en lice pour le Grand Prix
Chris Ware
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Est-ce peu de dire que nous ne sommes pas surpris ? Cela fait plusieurs années que Chris Ware et Emmanuel Guibert figurent dans la liste des « papabile ».

Chris Ware, parce qu’il truste régulièrement les premières places des prix prestigieux, en France comme à l’étranger. Ayant fait ses débuts dans la revue d’avant-garde Raw de Françoise Mouly et Art Spiegelman, c’est un expérimentateur hors pair qui arpente depuis plusieurs décennies les limites du 9e Art. Son dessin fait la jonction entre le classicisme des fondateurs du Comic Strip (George McManus, Winsor McCay) - ce qui lui donne une délicieuse touche vintage - et ses expérimentateurs les plus contemporains comme le Hollandais Joost Swarte, le créateur de la Ligne claire moderne.

Le travail de Chris Ware : une Ligne claire vintage.
© Delcourt
Emmanuel Guibert
Photo : D. pasamonik (L’Agence BD)

Quant à Emmanuel Guibert, BDBoum de Blois, Grand Prix de la critique, Prix Goscinny 2018, on connaît son brillant parcours : Les Olives noires avec Joann Sfar, Le Photographe qu’il réalise avec Didier Lefèvre et Frédéric Lemercier, ses ouvrages mémoriaux qu’il consacre au soldat américain Alan Ingram Cope à L’Association, sa série pour la jeunesse Ariol avec Marc Boutavant

Ses influences sont multiples et son style a bougé, entre le réalisme des Olives noires, son apport dans la BD de reportage avec Le Photographe, son trail sur l’univers enfantin dans Ariol. On sent bien que son séjour au Japon a eu un impact décisif sur son dessin aujourd’hui formidablement poétique, minéral.

Un parcours créatif, exemplaire, sans concession réalisé par une personnalité autant discrète que solaire.

Emmanuel Guibert. Expérimentant tous les styles, il est très influencé par le dessin japonais.
© L’Association

Catherine Meurisse enfin est loin d’être « la femme de service » comme on pourrait le croire. Toute en sensibilité et en intelligence, elle était dans les radars d’ActuaBD dès ses premiers instants : lauréate du Prix Scolaire à Angoulême, elle fait l’Ecole Estienne à Paris avant de rejoindre l’équipe de Charlie Hebdo où elle côtoie Cabu, Cavanna, Wolinski, Charb… Elle s’en détache pour construire depuis ces dernières années une œuvre pétrie de références artistiques et littéraires : Mes Hommes de lettre, Savoir-vivre ou mourir, Drôles de femmes (avec Julie Birmant), La Vie de palais (avec Richard Malka), Le Pont des arts, Moderne Olympia, La Légèreté (à la suite du massacre de la rédaction de Charlie Hebdo), Scènes de la vie hormonale, Les Grands Espaces et récemment son Delacroix, adapté d’Alexandre Dumas… Tout cela aux côtés d’un travail d’illustratrice pour la jeunesse, de dessins de presse ou d’accompagnements de collectifs (pour L’Association notamment), un bilan impressionnant pour une autrice aussi jeune.

Catherine Meurisse. Un dessin enlevé, aérien, une sorte de Claire Bretécher moderne.
© Dargaud

Bref, ce sont trois candidats tout à fait éligibles qui sont en compétition. Que donnera le deuxième tour ? Réponse à la fin du mois, au Festival d’Angoulême.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA BD D’ANGOULÊME 2020
Du 30 janvier au 2 février 2020.

✏️ Emmanuel Guibert
 
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15 Messages :
  • "Catherine Meurisse enfin est loin d’être « la femme de service » puisque désormais il faut une présence féminine dans toute sélection d’Angoulême."

    L’art de ne pas écrire…

    Catherine Meurisse enfin est « la femme de service » puisque désormais il faut une présence féminine dans toute sélection d’Angoulême.

    … mais de le dire quand même.

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    • Répondu par EEE le 15 janvier 2020 à  13:15 :

      Sans oublier la mention "Effet #METOO sans doute" qui veut bien dire que sans ça, Catherine Meurisse ne se serait pas retrouvée là. Dans le genre avis personnel, et misogyne du rédacteur, ACTUABD fait très fort. Préparez-vous, ça risque de secouer.

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      • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 15 janvier 2020 à  14:36 :

        Ah ces lecteurs bas de plafond qui ignorent tout du contexte historique du Festival d’Angoulême accusé en son temps de misogynie, lecteurs trop feignasses pour lire l’article jusqu’au bout dans lequel on explique que Catherine Meurisse était dans nos radars bien avant que les prétendus féministes écumants de cet acabit ne s’intéressent au sujet. Elle doit bien rire Catherine en vous lisant.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 15 janvier 2020 à  14:38 :

      Je vous renvoie à ma réponse ci-dessous.

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      • Répondu le 15 janvier 2020 à  15:12 :

        Mais relisez votre prose ! C’est vous le bas de plafond.

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  • Que les auteurs qui sont à la base de ce genre de grignolade cessent de geindre à tout bout de champ sur la précarité de leur situation. On appelle ça l’effet boomerang, pan dans la gueule !

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  • "son trait sur l’univers enfantin dans Ariol."

    Emmanuel Guibert est scénariste d’Ariol, le dessinateur est Marc Boutavant.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 15 janvier 2020 à  14:30 :

      Nous ne l’ignorons pas, nous avons eu l’occasion de voir l’intégralité de ses storyboards à Angoulême, ce qui n’enlève rien au talent de Marc Boutavant.

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  • Ah, c’est formidable, on vous écrit #MeToo, et hop !, une horde de commentateurs déchaînés vient vous le reprocher. Comme si la campagne menée en 2016 à l’encontre du festival d’Angoulême sur l’absence de femmes dans les nommés pour le Grand Prix n’avait jamais existé ! Comme si le travail des féministes ces dernières années n’avait pas eu d’effet ! C’est trop de le constater ?
    Il faut être bas de plafond et d’une mauvaise foi crasse pour sortir un bout de phrase de son contexte et le faire mousser comme vous le faites pour nous faire dire le contraire de ce qui est écrit.
    On ne vous a pas attendu sur ActuaBD pour défendre les autrices, le Prix Artemisia dès les premières minutes de sa création et toutes les œuvres qui défendent la diversité.
    Vous aimeriez qu’on ne vous réponde pas ? Quelle arrogance ! Et dans un lâche anonymat avec ça !

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    • Répondu le 15 janvier 2020 à  16:35 :

      Si vous aviez écrit : Il faut désormais une présence féminine dans toute sélection d’Angoulême mais Catherine Meurisse est loin d’être « la femme de service », ce serait limpide. Clairement féministe.
      Apprenez à écrire avant de traiter vos lecteurs de "bas de plafond" !

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 15 janvier 2020 à  17:55 :

      Voilà, on a changé le chapo. C’est mieux comme cela ? On fera un article pour commenter tout cela demain.

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  • Chaque année on nous remet Chris Ware. On en veut pas !!!
    Cela fait 15 ans qu’il ne fait que recycler Jimmy Corrigan sous une forme faussement différente (Building story, mon dieu quel ennui !!!).
    Par ailleurs, remettre chaque année dans les finalistes les deux perdants malheureux de l’année précédente à un petit coté : "on va vous les remettre jusqu’à ce qu’ils gagnent" que je trouve un peu dérangeant. Il me semble qu’il serait plus équitable qu’un finaliste ne puissent pas être proposé immédiatement l’année suivante.
    Emmanuel Guibert et Catherine Meurisse méritent tous les deux le grand prix. Pour les raisons évoquées ci-dessus, j’espère que ce sera Catherine Meurisse, et surement pas parce c’est une femme mais parce que c’est une grande auteure.

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    • Répondu par Thierry Leprévost le 15 janvier 2020 à  22:08 :

      M. PhilC, ce sont les auteurs, par leurs votes, qui chaque année désignent le grand prix. Le FIBD ne propose AUCUN candidat. Il y a un premier tour où est demandé une liste de trois noms et un deuxième où il faut voter pour les trois noms revenus le plus souvent au dépouillement de ce premier tour. Si Chris Ware et Emmanuel Guibert reviennent chaque année, c’est bien parce que les auteurs trouveraient légitime qu’ils obtiennent ce prix. En conséquence, oui, il y a de fortes chances que cela dure jusqu’à ce qu’ils soient élus.

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    • Répondu le 17 janvier 2020 à  15:31 :

      Ce n’est pas parce que vous ne comprenez pas le travail de Chris Ware que vous devez généraliser par "on en veut pas !".
      Chris Ware ne cherche pas dans la même direction qu’Emmanuel Guibert ou que Catherine Meurisse. Ils se pose des questions plus intellectuelles sur la grammaire de la bande dessinée. Et ce n’est pas parce que vous n’y comprenez rien que ce n’est pas important.
      Le problème de cette élection est quelle met forcément en compétition des personnalités qui n’ont pas à l’être. C’est aussi puéril que de devoir choisir quel aliment à le meilleur goût entre une radis, une tomate et une frite.

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      • Répondu par PhilC le 24 janvier 2020 à  12:12 :

        Ce que est idiot avec les forums c’est que l’on parle sans savoir. J’ai lu presque tout Chris Ware et je trouve que depuis Jimmy Corrigan, il tourne en rond. J’ai pris un claque il y a presque 20 ans et depuis, dites-moi ce qu’a fait Chris Ware de nouveau, ou seulement de passionnant ? Est-ce que cela suffit pour le grand prix. J’ai trouvé Building Stories très hermétique, pénible à lire, et ne créant pas d’empathie avec les personnage, c’est mon avis et je respecte que vous ne la partagiez pas.
        Par ailleurs le vote est fait dans une short list et je persiste à croire que le vote de l’année précédent influence celui de l’année suivante. Il serait intéressant de supprimer les finaliste de l’année précédente pour atténuer l’influence induite par l’année précédente. Mais ce n’est qu’une idée et je ne fait pas autorité

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