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Batman Arkham : Poison Ivy - Collectif - Urban Comics

Par Vincent SAVI le 24 mai 2021                      Lien  
Après le versatile Double-Face, c'est au tour de la vénéneuse Poison Ivy de rejoindre la collection "Batman Arkham" de Urban Comics. Figure phare de l'univers du Chevalier noir depuis près de 55 ans, le personnage est aujourd'hui bien établi dans l'esprit du grand public après avoir été popularisé en jeux vidéo, en série animée et bien sûr au cinéma dans le "cultissime et kitchissime" Batman & Robin, où la légendaire Uma Thurman incarnait le personnage. Adversaire mortelle du Croisé masqué, l'empoisonneuse aura petit à petit évolué jusqu'à devenir une anti-héroïne agissant parfois aux côtés de Batman. Plongez au sein de l'histoire mouvementée de Pamela Isley...

Tout commence en 1966. Cela faisait alors près de 25 ans que les lecteurs suivaient assidument les aventures de Batman et son jeune acolyte Robin. Et le dynamique duo était désormais à l’affiche d’une série télévisée qui fera date dans l’histoire de la PopCulture.. Une époque particulière de l’histoire du Chevalier noir placée sous le signe de l’extravagance, loin de la noirceur qu’infuseront Dennis O’Neil et Neal Adams à peine quelques années plus tard et qui marquent encore aujourd’hui l’univers du Croisé masqué. C’est donc en cette année 1966 que la dangereuse empoisonneuse voit le jour sous la plume de Robert Kanigher et les crayons de Sheldon Moldoff dans Batman #181.

Batman Arkham : Poison Ivy - Collectif - Urban Comics
Première rencontre Bruce Wayne et Poison Ivy.

Loin de toute considération féministe ou écologique, les premiers méfaits de Poison Ivy - alias Pamela Isley - consistent en une seule chose : prouver qu’elle est bien la plus belle et la plus dangereuse des criminelles du monde. Une caractérisation déjà discutable et desservie par une écriture plutôt rétrograde, bien loin de la Poison Ivy que l’on connaît aujourd’hui. Sont toutefois présents quelques éléments intemporels comme l’attraction entre le Chevalier noir et sa nouvelle ennemie, ainsi que la capacité de cette dernière à envoûter tous les hommes qui croisent son chemin. Un numéro marquant de la carrière de Batman qui ne brille cependant pas nécessairement par sa qualité. Pourtant, le public l’ignore encore mais une figure importante de l’univers DC Comics vient de voir le jour.

Loin des capacités qu’on lui prête de nos jours, Poison Ivy ne possédait -comme Batman- aucun véritable pouvoir dans ses premières apparitions, si ce n’est une immunité à toutes sortes de poisons. À travers les années, le personnage revient plus ou moins régulièrement affronter le Chevalier de Gotham et ses alliés, la vilaine rejoignant même les rangs de la Société Secrète des Super-Vilains et du Gang de l’Injustice. On ne retrouve cependant aucun épisode de cette période au sein de cet album, l’éditeur ayant choisi de raccorder directement sa première apparition avec une période plus intéressante pour le personnage.

Dans la seconde moitié des années 1980, Pamela Isley n’évite pas le grand ménage de l’univers DC Comics impulsé par l’évènement Crisis on Infinite Earths. Les origines du personnage sont alors révisées et on la retrouve notamment au sein de la mythique Suicide Squad de John Ostrander. C’est d’ailleurs l’immense Neil Gaiman et le non moins talentueux Mark Buckingham qui sont chargés de réécrire les origines du personnage dans le numéro de #36 de Secret Origins en 1989. Un excellent récit - disponible dans cet album - qui donne enfin plus de profondeur et de cohérence à l’empoisonneuse.

Poison Ivy dessinée par Brian Apthorp dans Batman : Poison Ivy #1 en 1997.

Mais il manque encore un petit quelque chose au personnage et, encore une fois, c’est la légendaire Batman : The Animated Series qui apportera sa pierre à l’édifice en offrant au personnage une dimension plus féministe et écologiste ainsi qu’une relation forte avec Harley Quinn qui est, rappelons-le, une création originale de la série animée. À l’image de Mr. Freeze, Poison Ivy ne sera plus jamais le même personnage après cette apparition. On retrouve d’ailleurs au sein de cette anthologie un court récit écrit par Paul Dini qui s’inscrit dans la continuité de la série animée dont il est l’un des architectes.

La suite du recueil nous présente diverses histoires centrées autour du personnage publié principalement dans les années 1990 et au début de 2000. Bien que sympathiques, ces récits ne sont pas des indispensables, mais illustrent bien à quel point l’évolution du personnage aura été longue et tortueuse, à l’image de nombreux autres personnages féminins du monde des comics, comme Carol Danvers chez Marvel par exemple. C’est d’ailleurs la réussite de cet album, synthétiser à merveille le parcours de Pamela Isley. Bien souvent victime d’un traitement sexiste, le personnage aura mis longtemps à s’affirmer et, c’est avec étonnement que l’on découvre que certains éléments aujourd’hui indissociables de la figure de Poison Ivy - notamment ses engagements idéologiques - sont apparus très tard dans son historique.

À l’instar du volume consacré à Double-Face, ce second opus de la collection Batman Arkham est une franche réussite qui illustre à merveille l’essence et l’évolution d’un personnage, tout en donnant l’occasion de découvrir certains récits qui n’auraient pas pu être publiés autrement. On retient aussi de cet album un excellent one-shot signé par la scénariste Ann Nocenti et par le dessinateur John van Fleet, publié en 2004. Reste toutefois une ombre noire au tableau, une ombre qui prend la forme de Harley Quinn. : la relation amoureuse qu’entretiennent les deux personnages depuis presque trente ans maintenant est en effet majeure pour le développement de l’une comme de l’autre et il est dommage que ce volume en fasse l’impasse. Même si on pourrait finalement se dire que cette relation aurait le potentiel pour remplir sa propre anthologie, Urban Comics si vous lisez ces lignes...

En attendant, rendez-vous prochainement pour le tome suivant de la collection Batman Arkham. Il est consacré à un homme-oiseau de mauvaise augure : le Pingouin...

Le très bon "Cast Shadows" par Ann Nocenti et John von Fleet.

Voir en ligne : Batman Arkham : Poison Ivy sur le site des éditions Urban Comics

(par Vincent SAVI)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782365773515

Batman Arkham : Poison Ivy - Robert Kanigher, Neil Gaiman, John Francis Moore, Alan Grant, Andrew Helfer, Paul Dini, Devin K. Grayson, Ann Nocenti, J.T. Krul, Christy Marx & Scott Beaty (scénario) - Sheldon Molfdoff, Mark Buckingham, P. Craig Russel, Brian Apthorp, Cully Hamner, Ronnie del Carmen, Roger Robinson, John van Fleet, Guillem March, Stjepan Šejić & Stéphane Roux (dessin) - Joe Giella, Stan Woch, Robert Campanella & John Floyd (encrage) - Nanci Hoolahan, Digital Chameleon, Linda Medley, Patricia Mulvihill, Noelle Giddings & Rob Schwager (couleur) - Thomas Davier, Xavier Hanart & Jérôme Wicky (traduction) - cartonné - 344 pages - 29,00 € - Urban Comics - DC Nemesis - sortie le 23 avril 2021

Contenu VO : Batman #181 (1966), Secret Origins #36 (1989), Legends of the Dark Knight #42-43 (1993), Batman : Shadow of the Bat Annual #3 (1995), Batman : Poison Ivy (1997), The Batman Chronicles #14 (1997), Batman : Gotham Knights #14-15 (2001), Batman/Poison Ivy : Cast Shadows #1 (2004),
Joker’s Asylum : Poison Ivy #1 (2008), Secret Origins Vol.3 #10 (2015) & Countdown #37 (2007) publié par DC Comics

Illustrations : © DC Comics / Urban Comics

Batman Arkham sur ActuaBD :
- Lire la chronique de Batman Arkham : Double-Face

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