La Bibliothèque publique d’information continue de célébrer les auteurs et autrices du 9ème art. Après Art Spiegelman, Claire Bretécher, Franquin, Riad Sattouf et Catherine Meurisse, c’est Chris Ware qui fait aujourd’hui l’objet d’une exposition dans ses murs. Celle-ci a été réalisée avec Benoit Peeters et Julien Misserey. Elle avait a été présentée pour la première fois lors du FIBD 2022 - nous vous en avions parlé sur ActuaBD.com.
L’auteur américain, déjà distingué par de nombreux prix, a collaboré à la réalisation de cette rétrospective de son œuvre explorant toutes les potentialités et la richesse de la bande dessinée. Au travers d’un parcours chronologique faisant l’état de son évolution graphique et narrative, les visiteurs pourront découvrir un grand nombre de planches originales, d’imprimés et de croquis permettant d’entrer dans les secrets de création de Ware mais également d’objets divers : maquettes d’ouvrages, sculptures, constructions...
« Faire de la bande-dessinée, c’est difficile. Ça demande du courage, de la souffrance, et beaucoup de temps. Alors, faire des choses matérielles avec ses mains, c’est une bonne distraction. Quand je dessine, il y a toujours une part de moi qui répète : ce n’est pas assez bien ! Mais ce n’est pas comme ça que je me sens quand je manie la 3D. » nous avait confié Chris Ware en mars.
De l’Acme Novelty Library (1993), à Rusty Brown (2019) en passant par Jimmy Corrigan (1995-2000) et Building Stories (2002), la déambulation nous amène à découvrir les différentes périodes de l’artiste dont le travail tourne autour d’histoires mélancoliques dans une Amérique décadente. L’architecture y occupe une place importante ainsi qu’il nous l’avait expliqué : « Une des choses qui m’a le plus interpellé enfant, c’était le fait de tout voir d’un seul coup d’œil sur une même planche. Je pense que la bande dessinée, c’est l’architecture de l’esprit. De la même façon qu’on voit une rafale de souvenirs apparaître sous nos yeux. »
Parlant de Building Stories, un album composé de sept objets qui remettent en question la notion-même de "livre de bande dessinée", Benoît Peeters, associé à la conception l’expo, parlait hier à son sujet d’une "déconstruction" de la bande dessinée. Une déconstruction-reconstruction qui exige du lecteur une réflexion profonde sur le médium.
L’exposition met en lumière l’incroyable créativité de Chris Ware, influencée par les classiques américains du début du XXe siècle mais aussi par Crumb et par des auteurs plus contemporains comme Joost Swarte qu’il croisa au début des années 1980 dans le magazine Raw d’Art Spiegelman.
C’est que Ware ne se contente pas d’être seulement auteur de BD et se révèle aussi, on le voit dans cet expo, inventeur/artisan perfectionniste, offrant de nouvelles perspectives au 9e art.
(par Thelma SUSBIELLE)
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Exposition Chris Ware
Entrée gratuite
À la Bibliothèque publique d’information
du Centre George Pompidou
Ouvert lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 12 à 22 heures et samedi, dimanche et jours fériés de 11 à 22 heures.