Paul, écrivain de science-fiction, est un élu, en ce sens qu’il est en lien télépathique avec Zarth Arn, héros d’une civilisation du futur : « L’Empire de l’Atome ». Paul voit à travers le temps et l’espace et comprend que cette civilisation à venir inspire et oriente les progrès techniques de la décennie 1950. Lorsque le don de Paul est mis en lumière par un gourou nommé Gibbon Zelbulb, l’écrivain perd le contrôle de sa relation télépathique et met en péril Zarth, au prise avec des joutes politiques. Entre Washington et l’Expo 58 de Bruxelles, « l’homme qui parle au futur » tente de cerner son savoir, qu’un psychanalyste est prêt à qualifier d’affabulation. L’énigme se joue autant sur le plan psychologique que spatial…
Depuis quelques années, les années cinquante sont à nouveau à la mode. Vêtements, graphisme, fictions télévisées (la passionnante série « Mad Men »),… On retrouve de l’atome un peu partout. Souvent, l’évocation tourne au clin d’œil, au pastiche. Surtout quand on parle de la science-fiction de l’immédiat après-guerre. Pour concevoir cet album, le scénariste Thierry Smolderen a entrepris la démarche exactement inverse de celle de George Lucas pour « Star Wars ». Là où le réalisateur américain puisait dans les pulps (Buck Rogers en tête) pour fonder un empire galactique au centre d’un space opera charpenté comme un western, le scénariste de bande dessinée choisit une option beaucoup plus sérieuse. Il y glisse de la psychanalyse et partage son érudition. « Souvenirs de l’Empire de l’Atome » est une fiction qui s’interroge sur le sens de la science-fiction. Outre cette réflexion théorique distillée au fil du récit, on y croise véhicules, mobilier, thèmes littéraires, éléments d’architecture chers aux créateurs de cette génération. On pense à Franquin bien sûr. En effet, comment ne pas voir en Gibbon Zelbulb, publicitaire mégalomane, un Zorglub en puissance ?
L’hypothèse d’une civilisation future qui infuserait ses idées dans le déroulement du vingtième siècle sert de socle à un récit qui pêche un peu par son côté éclaté. Si le scénario est assez complexe, le dessin est limpide. D’un point de vue graphique, c’est tout simplement somptueux. Alexandre Clérisse dompte la courbe des années 1950 est joue parfaitement avec les codes du genre. Les auteurs réalisent un exercice de style très ambitieux, esthétiquement et narrativement. Un condensé culturel du style atome sous les atours d’une fiction. D’une science-fiction.
(par Morgan Di Salvia)
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A propos d’Alexandre Clérisse & Thierry Smolderen, sur ActuaBD :
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