Frieren T. 11 & T. 12 - Par Kanehito Yamada & Tsukasa Abe - Éd. Ki-oon

Telle une classique héroïne de shônen manga, Frieren arrive sur le champ de bataille alors que ses alliés se trouvent en grande difficulté. Même pire : ils ont été changés en statue d’or. Ignorant la situation de Stark et de Fern, Frieren libère uniquement Denken grâce à la maîtrise qu’elle a acquise du Diagoldze après plusieurs heures d’analyse du maléfice. Cependant avec Denken ils doivent encore vaincre Macht et Solitar pour s’en sortir vivant, ce qui demeure loin d’être gagné.

Ce qui surprend, mais apparaît logique rétrospectivement, vient des choix des duels de ce dernier acte : Denken reste face à Macht, le dernier et le plus puissant des Sages du Chaos, qui s’est révélé être son maître, tandis que Frieren « fait connaissance » avec Solitar, l’archidémone qui a caché son existence au monde entier afin de poursuivre ses recherches sur les humains en toute quiétude. On aurait pu penser que Frieren se chargerait du « Boss » mais ces associations sont logiques une fois les échanges engagés.

En effet, nous avons droit d’un côté à un duel entre maître et élève, qui file également la métaphore entre démon et humain, alors que Frieren fait face à un démon qui maîtrise la psychologie humaine à la perfection, lui renvoyant avec habileté les contractions et l’hypocrise de son comportement envers ceux de son espèce, qui va à l’encontre même des valeurs des humains !

La bataille tient ses promesses et s’achève par une ultime rencontre entre Macht et son « seigneur ». Des adieux qui synthétisent parfaitement la nature de ce démon singulier, au rapport unique avec les humains, mais qui reste un tueur et devait être arrêté en conséquence, car jamais il ne cesserait d’être un prédateur. Comme toujours le dénouement échappe à toute morale : Frieren et ses compagnons ont simplement fait ce qu’il devait faire pour protéger des vies.

Notre troupe reprend ensuite sa route vers le nord, et pour une fois les petites péripéties de voyage ne durent pas. En effet, Frieren recherche dans la région qu’ils traversent une stèle de la Déesse qu’elle avait découverte il y a longtemps, lors de la quête du héros. Elle tombe rapidement dessus mais celle-ci lui offre une surprise, qui s’avère aussi sidérante pour l’elfe que pour le lecteur. Mais surtout la suite nous rassure : les petites péripéties de voyage ne sont pas oubliées avec un très grand nombre dans le douzième tome.

La formule de Frieren fonctionne de nouveau très bien. Elle est certes désormais bien connue mais les auteurs savent tout de même surprendre encore un peu, comme nous le montre le tome douze. Cependant, au delà de ses intrigues (et ses surprises), c’est son ambiance mélancolique et ses personnages flegmatiques, à la morale détachée des conventions modernes, qui constituent l’étrange charme de cette série, et qui ne se dément pas dans ces deux tomes.