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Le western n’existe pas : "Six, première partie : le massacre de Tanque Verde"– Ed. Dargaud

Par Gaëlle BEDIS le 1er septembre 2023                      Lien  
Le duo gagnant de la série "Un peu de tarte aux épinards", Philippe Pelaez et Javi Sanchez Casado, se lance dans une quadrilogie qui dézingue les clichés du western et tue le mythe de l'Ouest américain pour mieux le ressusciter dans toute sa violence, sa vérité et sa cruauté.

Des personnages hauts en couleurs

Exit l’humour mordant de leur première collaboration : la nouvelle série de Philippe Pelaez et Javi Sanchez Casado est là pour faire exploser les codes du genre western et ils y parviennent très bien.

Le western n'existe pas : "Six, première partie : le massacre de Tanque Verde"– Ed. Dargaud
Six première partie : le massacre de Tanque Verde - Couverture - Dargaud
© Philippe Pelaez - © Javi Sanchez Casado

Six fait référence au nombre de personnages que le duo nous invite à suivre. Les figures qui illustrent la couverture de ce premier tome sont les premières que les auteurs nous présentent. Il s’agit de Kid, le jeune garçon roux et borgne surnommé ainsi par Elsie, la prostituée blonde encore assez sensible pour développer des sentiments maternels à son encontre, car tout le monde ignore son nom.

Six première partie : le massacre de Tanque Verde - Extrait P°3 - Dargaud
© Philippe Pelaez - © Javi Casado

Le récit débute en effet avec la vision du massacre de la famille de Kid, lequel cherche à se défendre contre les trois hommes par qui l’on voit la scène, croyant qu’ils font partie de la bande ayant tué les siens. C’est à ce moment qu’il perd son œil et est amené auprès d’Elsie pour y être soigné.

Six première partie : le massacre de Tanque Verde - Extrait P°6 - Dargaud
© Philippe Pelaez - © Javi Casado

La présentation des personnages se poursuit avec Quintus Jones, caporal de l’armée fédérale, déserteur récidiviste et rebelle à l’autorité. Après une séance de punition administrée devant ses coreligionnaires par le colonel Wilburg qui le déteste, il se retrouve emprisonné avec Tsiishch’ili, un guerrier Chiricahuas. Contre toute attente, les deux hommes vont sympathiser et réussir à s’enfuir en prenant en otage le colonel sur une partie de leur trajet.

Leur fuite dans les plaines de l’Ouest vont leur faire croiser la route de Royal Whitehead, un affranchi capturé pour être vendu comme esclave (on appréciera l’ironie de son nom), et de sœur Marie Carmel, une religieuse pour le moins atypique. Ces deux derniers personnages étaient dans le même convoi attaqué par des Indiens : ils ont survécu séparément.

Les prémices d’une intrigue complexe

Tout l’intérêt de ce premier tome réside dans le contrepied que prennent les auteurs avec leurs héros qui sont habituellement idéalisés ou laissés pour compte dans les westerns traditionnels.

L’enfant n’est pas une créature fragile et inutile mais un garçon intelligent, qui sait se défendre et autour de qui l’intrigue tourne. C’est lui qui mène la danse à la fin de ce premier volume en convaincant l’ensemble des adultes de le suivre dans les Black Hills contre la promesse de les rendre riches. Comment compte-t-il s’y prendre ? D’où lui vient cette richesse ? Quelques pistes sont lancées dans ce volume mais il faudra attendre la suite pour voir où les auteurs veulent nous amener.

Six première partie : le massacre de Tanque Verde - Extrait P°5 - Dargaud
© Philippe Pelaez - © Javi Casado

L’Indien et le soldat, généralement ennemis, sont en réalité très semblables, massacrant le peuple de l’autre et trahissant leur propre camp. L’esclave n’en est pas un mais s’est fait capturer comme tel, la religieuse n’est ni craintive, ni dévote et le quotidien de la prostituée est glauque à souhait, comme en témoigne les messages graveleux des piliers du Scarlet Lady, le saloon/ maison de passes de Tucson. On ignore encore beaucoup de choses sur ces personnages mais le peu que l’on connaît est intriguant.

Le western, nouvel eldorado de la BD ?

L’histoire est racontée du point de vue d’un personnage qui décrit ce qu’il a vécu à M. Hettinger, une sorte d’historien et biographe local mais ce locuteur nous est inconnu. S’agit-il d’un des six ? Est-ce le Kid qui a vieilli ? Impossible de le savoir à l’issue de ce premier tome qui a été suivi depuis sa sortie en mai de plusieurs autres bandes dessinées reprenant aussi les codes du western pour mieux les détourner.

Six première partie : le massacre de Tanque Verde - Extrait P°8 - Dargaud
© Philippe Pelaez - © Javi Casado

Entre le parodique Les cowboys sont toujours à l’ouest, l’anachronique assumé Wanted. Portrait de sang et ses touches de fantastique, le retour en remake et reboot de Lucky Luke ou encore Ladies with guns, Six, première partie : le massacre de Tanque Verde trouve parfaitement sa place dans le créneau épopée réaliste.

Assorti d’un dossier documentaire de Philippe Pelaez qui revient sur les origines du mythe du western et explique pourquoi il n’existe pas et n’a jamais existé, la série vient déconstruire un par un tous les clichés véhiculés par le cinéma américain et avant lui les dime novels exaltant un pays idéal fait de cow boys courageux affrontant des Indiens assoiffés de sang.

Avec encore trois tomes à venir chez Dargaud, Six promet d’être une série explosive et on ne peut que constater que le western en BD a encore de beaux jours devant lui.

Voir en ligne : Bande annonce de "Six, première partie"

(par Gaëlle BEDIS)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782505086444

Dargaud ✍ Philippe Pelaez ✏️ Javi Sanchez Casado à partir de 17 ans Western
 
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