Hentai Demon Huntress - par Redjet - Seikô (La Musardine)

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Lily n’aime pas sa vie. À 21 ans, elle est obligée de travailler pour payer ses études, car ses parents sont divorcés et ne la soutiennent pas. De toute façon, elle les hait. De manière plus générale, Lily est la misanthrope par excellence : elle trouve que ses condisciples sont uniquement orientés vers le futile, l’apparence et l’argent. Elle en pense autant des clients du fast-food où elle travaille, et de ses collègues. Bref, elle trouve que sa vie est juste merdique.

Tout bascule lorsque une horde de démons débarque dans sa ville. Ce n’est pas une attaque, mais carrément l’apocalypse ! Ces légions de l’enfer ont longtemps attendu avant d’envahir la Terre. Aussi sont-elles assoiffés de sang et de sexe : massacres et viols sont devenus en un clin d’œil la norme courante.

Cela ne gênerait pas vraiment Lily qui n’a jamais supporté tous ces parasites, sauf que les démons sont particulièrement attirés par elle, et par le mystérieux pendentif qu’elle porte autour du cou. Elle croit sa dernière heure arrivée après avoir subi les pires outrages, mais une mystérieuse jeune femme, aussi belle qu’impudique, vient la sortir de ce mauvais pas !

Ève est une chasseuse de démons plutôt nymphomane, un talent qui s’apprend d’après elle et qu’elle veut enseigner à Lily. En effet, la jouissance des démons alimente le pendentif qu’elles portent toutes deux autour du coup et qui leur donne pour un temps limité des pouvoirs de transformation afin de tuer ces créatures de l’enfer. En résumé, Lily doit donc user de ses charmes pour allumer les démons et les faire jouir. Seul problème, l’étudiante ne connait pas grand-chose en sexe. Pire, elle est vierge !

Voilà deux ans et demi que nous vous parlons de Seikô, cette collection lancée par Dynamite (La Musardine) qui a décidé d’éditer des mangas érotiques non censurés dans un format un peu plus grand que la norme. Après douze volumes traduits du japonais, Seikô passe à la vitesse supérieure en publiant un auteur européen, ici Redjet, dont ils assurent eux-mêmes le suivi éditorial.

« J’ai découvert le travail de Redjet sur Internet, nous explique Nicolas Cartelet, l’éditeur de La Musardine. Au début je ne savais d’ailleurs pas qu’il était italien. Mais j’ai directement accroché au fait qu’« Hentai Demon Huntress » soit une aventure au long cours, avec une forte influence du shonen – ce qui casse un peu les codes du hentai qui se contente en général de sexe. C’est un pas de côté par rapport au « canon » de la pornographie japonaise et c’est ça qui m’a plu. »

« On a pris « Hentai Demon Huntress » en cours de route, continue de nous expliquer l’éditeur. Redjet publiait déjà la série en autoédition, par chapitre, lorsque je l’ai contacté. J’ai commencé à suivre son travail au chapitre 12 (c’est-à-dire au milieu du second volume à paraître l’an prochain), et je me suis contenté de lui donner de menus conseils car il n’était pas question de trahir l’esprit de l’histoire : du sexe et de la bagarre avec des filles et des démones sexy. Redjet baigne dans le manga depuis tout petit donc naturellement, il en a adopté les codes, mais je trouve qu’à la marge, on sent qu’il n’a pas été nourri que de ça ! »

Le premier tome de cette série qui en comptera trois, monte en température dès les premières pages. Comme l’explique l’éditeur, Redjet dépasse l’aspect du hentai pur pour donner une vraie structure organisée et croissante à son récit, en miroir des séries plus classiques de Magical Girls. Lily doit apprendre à accumuler le plaisir des démons pour dévoiler ses mystérieux pouvoirs au fur et à mesure, afin de sans doute terrasser les archidémons et bouter ces légions démoniaques hors de notre réalité.

Le revers de la médaille tient dans la personnalité de l’héroïne... un peu moins développée que son tour de poitrine ! On aurait apprécié un peu plus d’épaisseur psychologique, histoire de comprendre comme cette jeune fille assez réservée transgresse ses aprioris pour se jeter à corps perdu dans le combat contre le démon. Mais restons lucides : l’auteur aurait eu du mal à composer les scènes érotiques au milieu des tergiversations de son héroïne.

Les amateurs de hentai apprécieront certainement ce titre qui a le mérite d’aborder directement le "vit" du sujet. Surtout que le dessin très clair de Redjet, compose parfaitement avec les codes du manga tout en conférant beaucoup de lisibilité à l’ensemble. Une série de Magical Girls érotiques à prendre au premier comme au second degré !

Propos recueillis par Charles-Louis Detournay.