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Humanitas - Par Aki Yamamoto - Glénat

Par Aurélien Pigeat le 21 juin 2019                      Lien  
Suite de trois nouvelles ambitionnant de faire des portraits de passions humaines collectives, ou culturelles, "Humanitas" propose un étonnant et saisissant projet. Dont on se demande pourquoi il s'arrête aussi vite.
Humanitas - Par Aki Yamamoto - Glénat
La première histoire, celle d’un garçon élevé reclus en vue d’un combat à mort avec son frère jumeau
Humanitas © Aki Yamamoto / Shōgakukan

Une tradition en apparence bien cruelle de l’Amérique Centrale du XVe siècle, les contradictions de l’idéal socialiste à travers ses échecs durant la Guerre Froide et enfin la vie d’une communauté inuite perçue par un œil européen au début du XXe siècle : voilà les sujets des trois nouvelles qui composent ce one-shot édité par Glénat dans un grand format qui rend justice au dessin élégant de Aki Yamamoto.

Des histoires qui ont en commun le croisement de tragédies individuelles avec les règles, traditions, croyances et idéaux de sociétés géographiquement et temporellement éloignées. Mais qui toutes témoignent ainsi de constances dans les passions humaines et dans celles qu’induisent les structures anthropologiques.

Youri, qui vécut les horreurs des camps soviétiques avant de devenir un icone de la nation en tant que champion d’échecs
Humanitas © Aki Yamamoto / Shōgakukan

La brièveté et l’efficacité des trois nouvelles d’Humanitas ne manquent pas de surprendre. « Ocelot », la première, récit d’initiation en apparence classique pour le manga, se distingue par un dénouement qui bifurque radicalement par rapport aux attentes. « Youri Silbermann », sorte de variation autour du Joueur d’échec, renchérit d’abord dans l’horreur avant d’offrir une version de l’adhésion à la propagande totalement désenchantée, toutefois mâtinée d’un certain anti-américanisme.

Rencontre dans le grand nord pour la troisième et dernière histoire
Humanitas © Aki Yamamoto / Shōgakukan

Le dernier segment du volume, plus doux, joue lui la carte d’une romance impossible. Avec là encore un renversement qui trouve sa source dans la découverte des mœurs inuites. Mais, empreint d’une certaine poésie géographique, il offre une forme de respiration à la fin d’un ensemble aussi passionnant qu’étouffant.

Si la diversité des perspectives adoptées témoigne bien de l’ambition du projet, à savoir montrer l’humanité à travers les différences culturelles qui composent son histoire et les multiples régions du globe, nous refermons l’ouvrage en nous demandant pourquoi le mangaka n’a pas prolongé l’expérience un peu plus avant.

Trois histoires, cela fait autant de cas particuliers, mais sans doute pas assez pour faire système. D’autant que la réussite globale de ces récits, malgré quelques maladresses et grossissements, semblait appeler de nouveaux développements pour embrasser de la façon la plus vaste possible une représentation de l’Humanité en tant que telle.

La vie des Inuits, aux rythme de la chasse à la baleine
Humanitas © Aki Yamamoto / Shōgakukan

(par Aurélien Pigeat)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782344035870

Humanitas. Par Aki Yamamoto. Traduction Djamel Rabahi. Glénat, collection Seinen. Sortie le 15 mai 2019. 256 pages. 10,75 euros.

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