Dans le folklore japonais, les Jizô sont des petites statuettes du Bouddha souriantes vêtues d’un bonnet et d’un bavoir rouge, tout spécialement dédiées à la protection des enfants.
Le dernier titre seinen manga de Glénat Jizo s’empare de la mythologie autour de ces esprits protecteurs pour nous raconter l’histoire d’Aki, un enfant perdu qui ne retrouve plus sa maison et qui laisse toutes les personnes qu’il croise indifférentes. Jusqu’à ce qu’il croise la route d’un étrange garçon du nom de Jizo, bien décidé à lui venir en aide.
Sorte de Voyage de Chihiro en version ultra-mélancolique, Jizo est un conte qui touche profondément son lecteur. La tendresse apparente du sujet et des dessins tranche avec la révélation dramatique qui survient à mi-volume et qui arrache même quelques larmes.
Très poétique et contemplatif, le titre n’en est pas moins dynamique à la manière d’un conte. On regrette presque qu’il soit aussi rapide (240 pages) tant on aurait aimé rester dans cet univers doux et merveilleux. Le dessin de Mato y est pour beaucoup : on est charmé par l’expressivité et l’innocence des visages, la beauté des paysages.
En conjuguant leurs talents, le scénariste français Antoine Dole alias Mr Tan (Mortelle Adèle, 4Life, Ueno Park) et la jeune dessinatrice Mato parviennent à créer une alchimie très convaincante. L’alliance entre les codes du conte occidental traditionnel et du style japonais y est audacieuse mais réussie.
Les amateurs de folklore japonais se retrouveront donc en terrain connu, mais les autres ne seront pas perdus : cet ouvrage constitue une belle introduction à cette mythologie assez méconnue en France.
(par Jaime Bonkowski de Passos)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Jizo - Par Mato & Mr Tan - Glénat - sortie 21/10/2020 - 240 pages.