La rentrée de Laurent-Frédéric Bollée

Quatre albums en moins de deux mois, ce n’est pas rien. A-t-on affaire un Speedy Gonzalez de la plume ? Pas forcément. Parfois les projets mettent des années à traîner dans le tiroir des éditeurs et, à la faveur d’un best-seller (c’est le cas de La Bombe, un livre vendu à plus de 100 000 exemplaires et traduit dans de nombreuses langues, dont le japonais), ils se souviennent que cet auteur-là peut s’avérer une valeur sûre.

Ce qui est sûr, c’est que LFB aborde toujours des sujets singuliers témoignant de l’étendue de sa curiosité : une expédition de la marine française en 1964 ; une succession sur un classique créé par Jean Van Hamme : Lady S ; un ouvrage sur la violence faite aux femmes ; enfin, un ouvrage sur la relation tumultueuse entre Rimbaud et Verlaine. Listons.

Début septembre. Lapérouse 64, coscénarisé avec Marie-Agnès Le Roux, dessin de Vincenzo Bizzarri, chez Glénat.

Il s’agit de l’histoire vraie d’une expédition de la Marine française en 1964 à l’endroit exact à Vanikoro où périt le navire du fameux comte de Lapérouse, La Boussole, en 1788. 176 ans plus tard, son naufrage est enfin élucidé ! Marie-Agnès Le Roux, par ailleurs éditrice, dont c’est le premier album en tant que scénariste, a trouvé son partenaire pour raconter cette histoire. « Nous avons vraiment voulu recréer un "film" avec ce récit, avec des situations et des dialogues très vivants sans temps mort, rappelant peut-être des œuvres du 7e Art de Pierre Schoendoerffer ou Werner Herzog… » nous dit le scénariste.

En même temps dans les bacs, sort le tome 16 de Lady S : Missions Suicides dessiné par Philippe Aymond. Celui-ci ayant continué un temps seul pour succéder au scénario de la création de Jean Van Hamme. Avec l’approbation du « patron », voici un diptyque, une sorte de « Saison 2 » qui se passe en Afrique, en Egypte et au Mawali, un pays imaginaire, mais aussi aux USA. Il y est question de la prédation de terres rares. « Comme toujours, le dessin réaliste et impeccable de Philippe Aymond est un atout majeur pour offrir, nous l’espérons, un renouveau de lecture dans une série devenue "classique"… »

Le 27 septembre verra paraître, Il m’a volé ma vie, avec Francesco Dibattista au dessin, d’après le récit de Morgane Seliman (Ed. Glénat.)

« C’est un livre qui me tient particulièrement à cœur, nous dit LFB, puisqu’il aborde un sujet sociétal moderne : les violences à l’égard des femmes. Rappelons qu’il y a eu par exemple 122 victimes féminines d’homicides conjugaux en 2021, soit un drame tous les trois jours… Avec Francesco Dibattista, nous adaptons le témoignage puissant et glaçant de Morgane Seliman, paru sous le même titre chez XO Editions en 2015. Morgane a été battue par son compagnon pendant quatre ans, subissant aussi tous les mécanismes de l’emprise psychologique… Une véritable "descente aux enfers" qui ne laissera personne indifférent, je crois… Rencontrer Morgane a été un moment très fort pour moi et le graphisme de Francesco donne énormément de sensibilité à ce sujet douloureux… »

Enfin, le 25 octobre scelle le retour de Jean Dytar qui avait bluffé tout le monde avec son #J’accuse dans un ouvrage étonnant : « Les Illuminés ».

« C’est peu de dire que je suis très fier de cette collaboration, qui marque aussi mon arrivée chez Delcourt. Cela fait plusieurs années que Jean Dytar et moi étions en contact et en "correspondance" pour un éventuel projet, et j’ai donc la chance de bénéficier du talent exceptionnel d’un auteur au sommet de son art, qui vous proposera des planches et des images absolument sublimes…
Nous évoquons les deux poètes "absolus" que sont Arthur Rimbaud et Paul Verlaine, à travers bien sûr leur relation des années 1872-1875… mais nous introduisons un troisième homme qui a aujourd’hui complétement disparu des radars : Germain Nouveau. Poète et peintre provençal, il a croisé la route des deux autres, devenus ses amis, et les trois ont la particularité d’avoir eu en leur possession le manuscrit des Illuminations, pièce majeure et mystérieuse de la poésie française due à Rimbaud…
Cela faisait longtemps que je voulais mettre en scène ces personnages si fascinants, cet esprit de "poésie totale", cette période de la fin du XIXe siècle… Jean Dytar l’a fait au-delà de mes espérances et vous verrez qu’il y a même plusieurs sens de lecture… » On se souvient du magistral #J’accuse et on bout d’impatience !