« Magistral affrontement entre l’homme et le loup en haute montagne. Dans la lignée des grands récits de duels sauvages, avec une réflexion écologique en plus. Un grand album… » écrivait dans les pages d’ActuaBD notre chroniqueur David Taugis qui, on le sait, n’a pas d’ordinaire le compliment facile.
« Le trait à la fois net et lourd de Rochette percute ses paysages blancs des hachures impitoyables des visages et des reliefs, poursuit-il. Une efficacité de thriller qui évite l’anthropomorphisme, les attitudes animales ne singeant jamais celles des humains. L’ampleur tragique du récit, sa morale libératrice et la force de la rédemption finale apportent des sensations fortes et profondes. Probablement un des meilleurs albums de l’année. »
C’est le grand retour de Jean-Marc Rochette qui, après avoir délaissé la BD un temps pour la peinture, souvent abstraite, a connu un regain d’intérêt avec l’adaptation cinématographique de Transperceneige sous le titre de Snowpiercer par le réalisateur coréen Bong Joon-Ho, le génial album scénarisé par Jacques Lob, qui profitera encore d’une relance sous la forme d’un feuilleton TV sur Netflix début 2020.
L’actualité n’est pas que télévisuelle puisque les éditions Daniel Maghen viennent de consacrer un magnifique ouvrage au dessinateur grenoblois sous le titre bien choisi de de Vertiges.
Un fort volume de 180 pages où Jean-Marc Rochette dialogue avec Rebecca Manzoni pour parler de bande dessinée et de peinture. Tout au long des pages, des planches bluffantes, des toiles profondes et fascinantes où l’artiste exprime avec force toute sa puissance magnétique à la limite de l’abstraction. Cette publication sera appuyée par une exposition à la Galerie Maghen du 10 décembre 2019 au 11 janvier 2020.
Lors de la cérémonie de remise du Prix, Jean-Marc Rochette nous confiait sa fierté de recevoir un prix qui porte le nom de Georges Wolinski : « Pour moi Wolinski était le meilleur directeur du meilleur magazine. Je lisais Charlie Mensuel gamin, c’était de la qualité, de la grande bande dessinée ! » Le sujet de son album, le loup, est particulièrement clivant : « Chez moi, dans les montagnes, les paysans sont contre à un point extrêmement violent tandis que les écolos sont pour à fond. Malheureusement ce n’est pas si simple… C’était un sujet difficile à raconter !... »
Lauréat l’année dernière, Bastien Vivès présidait le jury cette année : « Ce qui nous a fait choisir ce livre, c’est son côté vraiment singulier. Des bouquins comme "Le Loup", il n’y en a pas beaucoup et parler de nature de cette manière-là, c’est assez unique... Le bouquin est assez petit, et quand tu ouvres les pages, tu en prends plein la gueule. Ça a été assez unanime dans le jury… »
Le scoop de la soirée a été d’apprendre que Le Loup allait devenir un dessin animé. C’est son producteur, Marc du Pontavice, qui l’annonça lors de la proclamation du Prix. Rochette en est plutôt ravi : « C’est eux qui ont fait "J’ai perdu mon corps !" J’ai simplement demandé à bien retranscrire les paysages, et surtout, qu’ils fassent attention à ne pas se tromper de montagne ! »
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
(par Pierre GARRIGUES)
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