Le Marchand de tapis de Constantinople T. 2 - Par Reimena Yee - (...)

Le Marchand de tapis de Constantinople T. 2 - Par Reimena Yee - Ed. Kinaye

Par Louise Ageorges le 28 octobre 2023

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Le Marchand de tapis de Constantinople T. 2 - Par Reimena Yee - Ed. Kinaye

C’est le grand retour de Zeynel. Le Marchand de tapis de Constantinople a fait du chemin depuis la sortie du premier tome, signé Reimena Yee, au printemps dernier. L’autrice malaisienne revient aux éditions Kinaye avec un deuxième et dernier tome, venant clôturer cette fable vampirique orientale. Mais malheureusement, si le premier tome avait le mérite d’ouvrir le champ des possibles, cette suite, peu digeste, n’est pas à la hauteur de nos espérances.

Après un long exode et la mort de sa bien aimée, Zeynel arrive dans l’Angleterre du XVIIIe siècle. Notre héros a fait le choix de taire sa nature vampirique pour se faire de nouveaux amis et limiter sa solitude. Il fait notamment la rencontre d’Alfred Grimsley, un commercial anglais. Ce dernier n’hésite pas à vendre les mérites de ce nouveau compagnon dans les différents salons de la haute société. Entre sa foi et son activité florissante, la vie est douce pour notre héros, mais la tranquillité semble de courte durée. Mora, le vampire auquel Zeynel doit son triste destin, est à ses trousses, risquant de troubler cette paix bien installée.

: © Éditions Kinaye

Le Marchand de tapis de Constantinople T. 2 parle de rédemption et de pardon. Après le drame du premier tome, Reimena Yee revient avec un Zeynel apaisé. Avec le deuil et l’acceptation progressive de sa nouvelle nature, notre héros a mûri. Ce dernier a fait la paix avec lui-même, notamment avec l’aide de l’islam, la religion prenant une place centrale dans cette nouvelle vie solitaire. Plus généralement, les personnages sont attachants et bien pensés. Que ce soit Alfred, le nouvel ami de Zeynel, ou même Mora, l’autrice s’applique sur la qualité de ses protagonistes.

: © Éditions Kinaye

L’amour du détail est toujours cultivé par la bédéiste favorisant l’immersion dans ce nouveau pays, cette nouvelle époque. Avec l’arrivée en Angleterre, l’histoire prend une nouvelle envergure. Quitter l’Orient pour notre héros, c’est certes profiter de l’orientalisme omniprésent dans les salons européens, mais c’est surtout se confronter au racisme ambiant. Un nouvel enjeu, donc, particulièrement intéressant qui, malheureusement, ne sera que survolé dans le récit, comme un grand nombre de thématiques similaires.

: © Éditions Kinaye

Fidèle au premier tome Le Marchand de tapis de Constantinople T. 2 est un très bel objet. Joliment décoré avec une mise en page de qualité identique, l’ouvrage a le mérite d’accrocher l’œil. Les illustrations toujours très colorées et immersives offrent une douce expérience de lecture, mais la forme ne fait pas tout. En effet, l’autrice mêle à l’intrigue de nouveaux supports littéraires (conte, berceuses, chanson orientale) créant des coupures dans le récit. La beauté de la mise en page ne peut rien face à un trop-plein de contenu qui tend à alourdir la lecture et sa compréhension.

Après la surprise scénaristique et les maladresses du premier tome, ce deuxième volet était particulièrement attendu. Si les points forts sont toujours là, de nouveaux points faibles voient le jour qui entachent un récit pourtant toujours d’une grande beauté. Si ces nouveaux éléments traduisent généralement de l’intérêt de l’autrice pour la culture, la langue et la religion de l’Empire Ottoman, il devrait pouvoir infuser l’histoire sans avoir à s’y superposer.

Ainsi, avec ce dernier tome, Reimena Yee propose un nouveau travail de recherche approfondi et soigné. Elle clôture une fable dont on ne peut nier l’originalité et l’envergure poétique. En revanche, de nouveaux contenus amenés sans doute maladroitement finissent par saturer l’ouvrage et l’intrigue. Le récit, tenant en réalité en une dizaine de pages, perd en rythme et en finesse. Un constat bien dommage pour un ouvrage si appliqué.

(par Louise Ageorges)

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