Le Prince de la Nuit T.8 : Anna - Par Yves Swolfs & Thimothée Montaigne - Glénat

Vladimir Kergan, fils de Panaïcomes le taraboste [1], chef de guerre des Carpes - une grande tribu du peuple dace - a choisi la damnation éternelle. Suite à la trahison de sa propre famille, Kergan s’est rendu chez l’énigmatique Arkanéa, une diseuse de bonne aventure et herboriste dont la beauté funeste cache en réalité une goule. Elle initie le prince déchu aux mystères du vampirisme, qui s’en va ensuite tuer son père et sa belle-mère qui l’ont trahi. Une transgression de plus pour le “non mort”.

Huit cent ans plus tard, en l’an 1013, Kergan a poursuivi son apprentissage de vampire auprès d’Arkanéa. Le monde tel qu’ils le connaissaient a changé ; le paganisme a été banni au profit du christianisme grec orthodoxe. Ce changement philosophique rend l’existence des créatures de la Nuit beaucoup plus difficile, les obligeant à redoubler de prudence. Pourtant, Kergan commet une erreur en laissant s’échapper par inadvertance une de ses proies lors d’une partie de chasse nocturne à Kiev. Cette imprudence agace Arkanéa car elle confirme leur existence auprès des autorités religieuses, qui décident de mettre sur pied un escadron chargé de les exterminer. Mais les intrigues politiques locales présentent une opportunité aux deux vampires, qui n’hésiteront pas à manipuler leurs victimes afin d’échapper au triste sort qui les attend...

Trois ans après le retour du Prince de la Nuit, la suite des origines de Vladimir Kergan nous est enfin contée dans ce tome 8 intitulé “Anna”. Pour l’occasion, Yves Swolfs n’est plus seul à bord, il s’est adjoint les services de Thimothée Montaigne, dessinateur entre autres des séries Malicorne et du Troisième testament (second cycle). Un changement qui s’explique notamment par le fait que Swolfs dessine actuellement le western Lonesome pour les éditions du Lombard. Il prévoit aussi de poursuivre le combat qui oppose la famille Rougemont à Kergan mais à l’époque contemporaine, comme il l’expliquait à notre collègue Jean-Sébastien Chabannes lors d’un précédent entretien :

“J’ai réalisé moi-même le tome sept afin de relancer la série après dix années d’interruption mais j’ai cédé le dessin pour les tomes huit et neuf à Timothée Montaigne. Je suis vraiment heureux qu’il ait pu reprendre le Prince. Il a déjà réalisé une dizaine de planches superbes. À mon avis, il est un des rares dessinateurs qui soit capable d’apporter un renouveau et un regain de qualité à la série. Son style se prête parfaitement au fantastique et c’est un des dessinateurs réalistes les plus doués de sa génération ! Moi, en tant que dessinateur, faire du futuriste ou du contemporain, ça ne me branche pas du tout. La technologie, les voitures, les buildings... même si j’en ai fait deux ou trois cases, c’est vraiment difficile pour moi. Je préfère la pierre, le bois, les rochers, les forêts de sapins, les chevaux. Je ne crois pas avoir un graphisme qui soit adéquat pour faire autre chose. Je ne dessinerais jamais de voitures contemporaines (à part celle du Prince dont j’avais la maquette pour bien la voir sous tous les angles).”

Effectivement, le style graphique de Thimothée Montaigne apporte un renouveau bienvenu à la série, qui se modernise tout en conservant les codes qui ont fait son succès. Le récit, quant à lui, nous présente un Kergan qui s’est habitué à sa nouvelle condition de vampire mais qui n’est pas encore totalement aguerri pour autant. Mais l’intérêt de nous raconter cette période de sa vie est surtout de nous montrer comment il s’émancipera de l’influence d’Arkanéa. À défaut de nous présenter le nouveau Rougemont qui barrera la route de Kergan, ce nouvel épisode du Prince de la Nuit reste malgré tout un album de bonne facture.

Le Prince de la Nuit T.8 : Anna

Yves Swolfs & Thimothée Montaigne © Glénat