La figure principale de cette histoire, on la voit sur la couverture, sous un drapeau nazi, arborant sa médaille d’officier de la Légion d’Honneur. Il s’agit de Paul-Jean Husson, Académicien, Croix du combattant 1914-1918, mutilé de guerre (il a perdu un bras), c’est un ami personnel du maréchal Pétain, ce grand sauveur de juifs d’après certains..., académicien comme lui. En bon facho antisémite et comme tous ses amis de l’Action Française, il adhère bien évidemment à sa doctrine, à ses prébendes et à ses pratiques.
Bien sûr, ce personnage n’a pas existé. C’est un composite de plusieurs figures de la collaboration comme Henry Bordeaux, Pierre Gaxotte ou Paul Morand… Husson écrit une longue lettre au Sturmbannführer H. Schöllenhammer, le commandant du titre. C’est cette lettre que les Américains vont retrouver en 1945 dans les archives d’un QG allemand. Une lettre de dénonciation qui raconte son histoire : son fils Olivier est musicien et lui présente sa fiancée, une jeune actrice allemande, Ilse. Ils se marient, ont un enfant. Et les parents ne se posent pas plus de question. Arrive la guerre et on comprend vite que Ilse est juive.
Olivier décide de rejoindre de Gaulle contre l’avis de son père trempé jusqu’aux os dans la collaboration. Il laisse sa femme Ilse face au vieux facho. Qui en pince pour sa bru. Là est tout le drame. On vous passe les détails, mais on va jusqu’au bout de l’abjection.
C’est un livre fort, très bien adapté par Xavier Bétaucourt et agréablement dessiné par Étienne Oburie, un des romans graphiques de ce début d’année qui mérite le détour.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Monsieur le commandant – Par Xavier Bétaucourt et Etienne Oburie d’après Romain Slocombe – Ed. Phileas – Paraît le 27 janvier 2022.