Naoto, le gardien de Fukushima, en quête de résilience

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Fukushima. Raconter la catastrophe par l’anecdote : Dans les environs de la centrale, un paysan refuse l’évacuation. Comment accepter la fuite quand des vies sont en jeu ? Fussent-elles animales.

Dessinateur au trait souple, Ewen Blain est taillé pour la jeunesse, domaine pour lequel il exerce en tant qu’illustrateur. Cette qualité qui participe grandement à la réussite de ce livre, sa première bande dessinée.

Car ce roman graphique est placé à hauteur d’homme, petit ou grand, avec un grand-père confronté à des événements qui le dépassent. Il ne peut se les expliquer et surtout les expliquer à son petit-fils qu’en ayant recours aux légendes traditionnelles japonaises. Dès lors, une ligne claire et des couleurs franches emportent la narration qu’il s’agisse de retranscrire des images d’archives ou d’invoquer les yokaï et autres êtres fantastiques.

: © Blain-Grolleau / Steinkis

Souvenons-nous, il y a dix ans de ce tremblement de terre, de cet immense raz de marée, d’une centrale nucléaire inondée et quelques jours plus tard, deux explosions. Après Tchernobyl, l’humanité associe un nouveau nom au péril nucléaire : Fukushima. Une autre région entière est interdite à des milliers d’habitants pour cause d’irradiation. Cultivateur et éleveur, Naoto Matsumura, est témoin de l’enchaînement infernal, jusqu’à l’évacuation avec son épouse et son petit-fils. « - Et puis, j’ai pensé à mes bêtes ! » Naoto revient seul pour s’occuper de ses vaches, puis petit à petit des autres animaux abandonnés, chiens, cochons et même autruches. Son sacrifice prévisible résonne comme un espoir et un premier pas vers la réconciliation avec le vivant.

: © Blain-Grolleau / Steinkis

Fabien Grolleau, scénariste naturaliste s’il en est – il est notamment l’auteur de la biographie de John James Audubon dessinée par Jérémy Royer- retrace le destin authentique de « l’homme le plus irradié du Japon » afin de le porter en icône de Fukushima. Un choix perspicace qui permet de mesurer les effets de la catastrophe en prenant le lecteur par la voie de la compassion. Avec l’élégance de ses planches, le combat de Naoto Matsumura peut être entendu aussi bien par les plus jeunes que par les adultes.