Ceux qui l’ont connu jadis orphelin et voyou dans les rues de Lahore l’appellent encore “Kim”, mais désormais c’est à son nom complet qu’il préfère répondre : Kimball O’Hara, devenu un agent à la solde des services secrets britanniques.
L’album débute un soir de l’année 1899 à Bombay : la filature d’un espion russe tourne au drame lorsque ce dernier abat un jeune indien proche de Kimball, que ce dernier avait justement chargé de suivre. Furieux mais inconscient du piège qui se referme bientôt sur lui, O’Hara traque le meurtrier jusque sur un paquebot du gouvernement anglais qui sera victime d’un attentat quelques instants après son arrivée.
Dans le chaos général, notre ressortissant irlandais est le coupable tout désigné de ce crime dirigé contre la couronne. Afin de prouver son innocence, désamorcer les tensions diplomatiques et espérer un jour revoir son fils, Kim s’évade et part à la recherche d’un moyen pour récupérer des documents secrets restés dans l’épave du bateau coulé au fond de la baie. Malheureusement, aucun homme n’est capable de s’enfoncer aussi profondément dans les fonds marins. Aucun, sauf peut-être un seul : le capitaine Nemo qui croupit dans une prison depuis près de dix ans quelque part en Sibérie. Fuyant les autorités indiennes menées par son ex-compagne, la très tenace Jaya, l’espion se met en quête de ce personnage légendaire à qui appartient le sous-marin le plus performant de l’époque : le Nautilus...
Nautilus, la nouvelle série des auteurs Mathieu Mariolle et Guénaël Grabowski est une extrapolation du roman Kim de Rudyard Kipling qui se déclinera en trois tomes. La lecture de ce premier épisode était assez prenante car le scénariste conserve les points forts de ce classique du roman d’aventure : un récit picaresque qui fait briller l’anecdote, le regard entier que porte le héros sur ses contemporains, sans oublier le contexte géopolitique de l’époque à travers l’évocation du “Grand Jeu” qui oppose la Russie et l’Angleterre.
La rencontre entre les univers de Kipling et de Jules Verne se fait assez naturellement, bien aidée par le travail graphique de Grabowski dont le trait retranscrit efficacement tout le souffle épique que l’on est en droit de ressentir à la lecture de ce cross over digne de la Ligue des Gentlemen extraordinaires d’Alan Moore. Si vous aviez manqué cet album lors de sa sortie au printemps dernier, il n’est pas trop tard pour plonger dans sa lecture, d’autant plus que le second tome paraitra dans quelques semaines, le 6 octobre.
Voir en ligne : Découvrez la série "Nautilus" sur le site des éditions Glénat
(par Christian MISSIA DIO)
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Nautilus T. 1/3 : Le Théâtre des Ombres, Mathieu Mariolle & Guénaël Grabowski, éditions Glénat. Album paru le 19 mai 2021. 64 pages, 14,95 euros.
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