New Normal est le premier titre édité en France de Akito Aihara par Kana.
Après qu’une maladie dévastatrice a réduit la population drastiquement, le masque est devenu une obligation quasi permanente. Un futur dans lequel des règles strictes comme la limitation des interactions avec les autres et les distances sociales sont la norme. Pour la nouvelle génération ayant toujours vécu dans ce système, voir le visage d’une autre personne relève du plus grand fantasme. C’est dans ce contexte que Hata va voir le visage de Natsuki, la fille qui lui plait par hasard. Cet incident, pousse les deux lycéens à se fréquenter et prendre le risque de se montrer à découvert.
Cette dystopie explore un quotidien qui s’inspire de ce qui s’est produit pendant la période du covid. Par exemple, ce premier tome met en scène une manifestation de personnes qui sont contre le port du masque et qui veulent retrouver le monde passé. Mais les conséquences de la pandémie vont bien plus loin que ce qui s’est réellement déroulé dans notre réalité. Les lycéens mangent dans des boxes séparés pour éviter un risque de contamination et Tokyo devenu un vestige est isolé par un mur comme d’autres zones particulièrement affectées.
Avec la nouvelle morale en place, les visages sont cachés dans les œuvres et les médias qui appliquent une censure constante. Le fait de voir une bouche est devenu quelque chose de très gênant et intime. Il est amusant de noter qu’il y a un contrôle parental pour voir du contenu qui laisse apparaitre des bouches. Un avenir avec des normes et une moralité impensable pour nous mais qui s’apparente à d’autres choses auxquelles le lecteur peut s’identifier. Effectivement, d’autres parties du corps connaissent aussi la censure et la dérive des fantasmes dans notre société et les mœurs actuelles sont transposables avec ce qui est décrit par l’auteur.
Pour ce qui est des personnages présentés, le héros Hata ne se démarque pas pour l’instant. Il est gentil et maladroit mais n’a pas vraiment de personnalité. La protagoniste Natsuki, qui est le crush de Hata, est une lycéenne talentueuse se démarquant par sa fascination pour le monde d’avant. Deux autres personnages se détachent du lot : Erika une lycéenne qui a un côté tsundere et un homme étrange nommé Sagara qui travaille dans les forces de préventions de contaminations.
Donc le point de départ de l’histoire est le rapprochement de deux lycéens qui commencent à se côtoyer dans un univers devenu rigide. Ils se posent de nombreuses questions sur les anciennes générations et font des choses interdites désormais par curiosité comme n’importe quel jeune. Ils vont même aborder la question du couple mais avec des incompréhensions des deux côtés. Mais heureusement, cette relation n’est pas le seul fil du manga. En l’occurrence, le scénario est enrichi grâce à la trame en fond mise en place par Akito Aihara et la psychologie des protagonistes approfondie grâce aux autres personnes qu’ils croisent.
D’ailleurs, la rencontre entre Natsuki et Sagara amène de nombreuses questions concernant le passé mais aussi sur le genre de relation qu’ils vont avoir. Pour ce qui est des échanges entre Hata et Erika, le déroulement est assez classique et ne porte pas grand intérêt dans ce tome en dehors du fait d’ajouter une rivale amoureuse à Natsuki.
En parallèle de cette routine, des choses assez graves semblent se tramer. Même si la pandémie est passée, chamboulant ainsi le mode de vie des populations, il existe encore des risques de contamination. Les habitants sont soumis à une rigueur et un contrôle qui empêchent d’être entièrement serein et libre. Les questionnements qui découlent de la situation sanitaire à travers le quotidien des protagonistes et des évènements qui se déroulent en arrière-plan ajoutent un niveau de lecture plus profond que celui centré autour du mode de vie de jeunes lycéens et leur amourette.
L’auteur décrit une société qui n’a pas eu la chance de s’en sortir aussi bien que nous. Il est déroutant de voir ces adolescents plongés dans un quotidien si différent du nôtre avec une mentalité si éloignée mais à la fois si proche par l’origine de leur situation. Il s’agit d’une œuvre actuelle qui aborde les problèmes qu’amène une crise sanitaire de façon extrême car ici le virus s’est avéré beaucoup plus néfaste. Même si les personnages ne sont pas encore bien développés, le contexte et l’ambiance de New Normal démarquent ce titre.
(par Malgorzata Natanek)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
![Serge Monfort : « En lisant, l'enfant devient le chien, comme il deviendrait chevalier dans une BD médiévale ! » [INTERVIEW]](local/cache-gd2/07/a53eabf15a5df16adbd03466676855.jpg?1713070409)
