Née dans une famille juive d’origine berbère dans la Tunisie coloniale de 1927, Gisèle Halimi s’est très vite sentie concernée par les injustices. Au sein de son foyer comme dans sa vie personnelle, la jeune fille subit le sexisme, le racisme et l’antisémitisme. Deuxième de sa fratrie derrière un frère pesant et turbulent tant à l’école qu’à la maison, la future fondatrice de l’association "Choisir la cause des femmes" se bat pour mener à bien ses études qu’elle sait être la seule porte de sortie d’un chemin tout tracé vers l’archétype de la ménagère au foyer.
Après une première partie, déjà lourde, décrivant l’environnement familial de la jeune fille, la seconde partie de l’ouvrage se place au cœur d’événements historiques aussi traumatisants que formateurs pour Gisèle. Entre les mouvements de décolonisation de la Tunisie et la Seconde Guerre mondiale, la jeune fille se construit un esprit critique et de révolte qu’elle portera en étendard tout au long de sa vie.
La BD se termine au 18e anniversaire de l’héroïne alors qu’elle entame ses études de droit à Paris. En se concentrant sur l’enfance de l’illustre avocate, cette BD est un parfait complément à la précédente : Une Farouche Liberté, ou à tout autre ouvrage retraçant sa carrière. Grâce aux tourments personnels et politiques de la jeune femme, les auteurs donnent à comprendre ses idéaux de combat sans tomber dans le pathos, ni dans l’idéalisation.
Appuyé sur les recherches de Danièle Masse, historienne à l’université de Toulon et scénariste de la BD, Sylvain Dorange qui avait déjà illustré une biographie du couple Klarsfeld dépeint l’ambiance méditerranéenne avec la touche de nostalgie mais aussi de réconfort propre aux souvenirs lointains.
(par Kelian NGUYEN)
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