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Parfum de nostalgie dans le N°4 de Métal Hurlant

Par Louis GROULT le 1er septembre 2022                      Lien  
Les humanoïdes associés continuent avec ce quatrième numéro, en alternance avec des numéros inédits (un numéro de création puis un numéro de reprises, comme c'est le cas ici), leur grand travail patrimonial en nous offrant les histoires les plus marquantes de la grande période de la revue "Métal Hurlant" en invitant, sous la baguette du frétillant Jean-Pierre Dionnet, quelques-unes des icônes des années 1970-1980.

La nouvelle formule du magazine Métal Hurlant, démarrée à l’automne 2021, semble à présent stabilisée avec des numéros impairs qui nous offrent des histoires originales et des numéros pairs qui nous replongent dans les années 1970-1980 aux côtés de Jean-Pierre Dionnet, Philippe Druillet, Jean-Michel Nicollet ou Moebius.

Le message des Humanoïdes Associés est clair : pour continuer de faire avancer la bande dessinée, il faut qu’elle regarde aussi derrière elle les innovations du passé. Et Métal a toujours été le fer de lance de l’innovation dans la bande dessinée. En lisant la partie texte de la revue, on comprend comment ses équipes se sont différenciées de la concurrence, grâce à leur volonté de hisser la bande dessinée à la hauteur des autres arts, et ça a marché ! Qui oserait nier aujourd’hui que la bande dessinée est un art noble qui n’a pas à rougir de la comparaison avec le cinéma ou la littérature ?

Parfum de nostalgie dans le N°4 de Métal Hurlant
La grande Nicole Claveloux, ébouriffante de modernité.

En relisant ces vieilles histoires, on redécouvre aussi une volonté de lier les différents arts entre eux. Dionnet, Druillet et les autres semblent avoir compris que la bande dessinée ne pouvait pas avancer toute seule. Les auteurs ont donc repris des topos littéraire (cf : Lautréamont), largement emprunté leur vocabulaire narratif au cinéma le plus en phase avec la modernité et ils se sont inspirés des approches de l’art contemporain pour créer des histoires plus abstraites qui sortent du cadre de la bande dessinée traditionnelle. Cette volonté de lier les différentes formes artistiques, on la retrouve aussi dans les numéros impairs de Métal Hurlant qui invitent entre leurs pages des artistes comme Alain Damasio ou Denis Villeneuve.

La construction de ce quatrième numéro est très fine. On commence par une courte histoire de Moebius intitulée L’Homme est-il bon ? dont on nous explique, dans son introduction, qu’elle est la première histoire dans laquelle Moebius a trouvé son style puis on enchaîne sur une quinzaine de pages qui nous raconte les débuts chaotiques de la revue.

On est alors prêts à découvrir les histoires composant ce numéro 4 et et quelles histoires ! On passe du dessin naïf de Michel Halmos qui peut faire penser à du Douanier Rousseau, au dessin horrifique de la dessinatrice alors star de l’illustration jeunesse Nicole Caveloux, pour passer ensuite sur un pur Gekiga [1] dessiné par Michio Hisauchi. Tout Métal Hurlant est là, dans la diversité.

Une histoire mémorable signée Moebius.

Cette alternance du texte et de la bande dessinée continue tout au long de la revue. On apprend d’ailleurs que dans les années 1970, c’était une obligation d’avoir au moins 10% de texte dans les magazines de bande dessinée ce qui a obligé la plupart des dessinateurs, qui n’étaient pas tous habitués à l’écriture, à écrire des textes. Cette contrainte a participé à l’expérimentation qui s’est retrouvée dans les bandes dessinées mais aussi dans les pages de textes.

Aujourd’hui, la contrainte n’existe plus mais le texte continue d’être présent et complémentaire avec les parties dessinées. Encore une fois, la tradition est respectée. L’un des grands plaisirs de ce numéro est d’ailleurs textuel car ce sont deux interviews exclusives, celle de Druillet de Nicollet qui nous permettent de pénétrer encore plus profondément dans l’ADN de Métal. La mise en page est très soignée et nous permet de découvrir quelques images d’archives.

Les débuts étonnants de Dominique Hé.

Pour conclure, c’est un numéro qui donne furieusement envie de s’abonner pour avoir tous les quatre mois notre dose de science fiction et d’expérimentations, qu’elle vienne du passé ou du présent !

(par Louis GROULT)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782731677683

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