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Paul Cuvelier honoré à Mons : « Moloch, Belzébuth ! À moi ! »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 28 novembre 2023                      Lien  
L’année 2023 célèbre le 100e anniversaire de sa naissance, c’était le plus jeune dessinateur du quarteron de fondateurs du Journal Tintin : Paul Cuvelier apparaissait aux côtés de Hergé, Edgar P. Jacobs et Jacques Laudy (avec, « à l’ombre de la Ligne claire », Jacques Van Melkebeke). Des peintres sortis des Beaux-Arts entourant un peintre du dimanche -Hergé- devenu maître de la bande dessinée. Cuvelier, toujours mal à l’aise dans le 9e art, lui qui visait de se faire une place dans le 3e, selon le classement de Hegel : la peinture. Mais dans la mémoire contemporaine, le nom de Paul Cuvelier est indissociable de celui de Corentin, le jeune Breton de Ker-Armor courant l’aventure accompagné de ses amis, le gorille Belzébuth et le tigre Moloch, héros du Journal Tintin. C’est précisément à lui, autour de ses sept albums réalisés entre 1946 et 1973, que la Fondation Paul Cuvelier et la Ville de Mons rendent hommage dans une exposition à Mons, une ville où il fait ses études aux Beaux-Arts, du 25 novembre 2023 au 3 mars 2023.

Le niveau de réalisme, la qualité de son dessin en ont fait immédiatement un must rarement atteint dans la bande dessinée depuis le Flash Gordon d’Alex Raymond ou le Prince Valiant d’Harold Foster. Jacques Van Melkebeke applique à Cuvelier la même propédeutique qu’à Edgar P. Jacobs : c’est Cuvelier qui « accouche » du scénario avec l’aide du rédacteur en chef clandestin de Tintin. Planches sublimes, au lavis. Inoubliables.

Paul Cuvelier honoré à Mons : « Moloch, Belzébuth ! À moi ! »
Cuvelier par lui-même
Un talent incomparable. Ici : Corentin en Amérique.
Corentin par Paul Cuvelier

Sa carrière sera chaotique. Il tente différents styles entre le troisième et le quatrième album de la série Corentin, qui laissent Cuvelier insatisfait. La suite de son parcours se fait par à-coups au gré des scénaristes de passage, Greg puis Jean Van Hamme notamment.

À côté, il y a « l’aventure artistique », non moins chaotique, avec un pan caché, presque honteux, pourtant central dans le travail de l’artiste : son œuvre érotique. Elle n’est pas partie de l’expo montoise qui, néanmoins, met en valeur son intérêt pour le corps humain, en parallèle avec des commentaires extraits de sa correspondance.

Corentin - Portrait à l’huile par Paul Cuvelier

Une jolie mise en valeur orchestrée par la Fondation Paul Cuvelier avec l’aide du fidèle Philippe Goddin, l’auteur du Mystère Paul Cuvelier (Impressions nouvelles) dont nous avons parlé récemment.. Ça vaut le détour !

Photo : Ludivine Fasseu - Ville de Mons

Voir en ligne : Le site de la Fondation Cuvelier

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

Exposition Corentin : « Moloch, Belzébuth ! À moi ! »
Salle Saint-Georges
Grand-Place
7000 Mons

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6 Messages :
  • "Paul Cuvelier apparaissait aux côtés de Hergé, Edgar P. Jacobs et Jacques Laudy (avec, « à l’ombre de la Ligne claire », Jacques Van Melkebeke). Des peintres sortis des Beaux-Arts entourant un peintre du dimanche -Hergé- devenu maître de la bande dessinée."
    Excellente punchline ! Vision très juste.
    Qui donne une idée des rapports intenses et mystérieux entre peinture, "ligne claire" (au sens général) et bande dessinée.
    Une trilogie de systèmes artistiques dont il me semble qu’Edgard. P. Jacobs était le plus à même d’établir des liens et d’en franchir les ponts avec une aisance déconcertante.
    Par contre le rôle de maïeuticien du scénario de Van Melkebeke auprès de Jacobs me semble exagéré. Il était un partenaire propédeutique de discussion, un coéquipier dans la confrontations des idées et un fournisseur de documentation. Lui attribuer davantage me semble excessif.
    On reconnait bien la personnalité de Jacobs dans toute son oeuvre, dans ses thèmes, son écriture et dans ses découpages.
    Pour Cuvelier, Van Melkebeke fut un scénariste officiel c’est à dire davantage qu’un propédeuticien.
    Et je ne suis pas loin de penser que côté graphisme, le père de Corentin a dépassé, par moments, Raymond et Foster par la sensualité et la grâce absolue de son dessin.

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    • Répondu par Sergio Salma le 30 novembre 2023 à  13:30 :

      Totalement d’accord avec ce commentaire. On prête aux personnes qui ne sont que partenaires voire simples relations des capacités qu’ils n’ont pas du tout. Même remarque pour Hergé avec certains qui ont prétendu être quasi-coscénariste. Quand on suggère une idée, même une trame voire un synopsis , on n’a rien fait . Ce n’est qu’au moment de l’agencement, qui est donc le travail de l’auteur, que le scénario existe .

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      • Répondu par Big Charlie le 6 décembre 2023 à  08:05 :

        Sauf qu’Hergé ne travaillait pas seul mais en Studios, et que certains collaborateurs étaient payés pour créer des histoires avec lui !

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  • Bonjour, merci de faire suivre l’information sur cette exposition ! Attention, le visuel en fin d’article n’a rien à voir avec ladite exposition...donc n’oubliez pas d’aller la voir à Mons afin de vérifier si votre enthousiasme premier est conforté par votre visite !

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    • Répondu par Lady Slexique le 9 décembre 2023 à  18:06 :

      Je trouve qu’il y a un érotisme latent dans les aventures de Corentin et son ami Kim, plus marqué en tout cas qu’avec (Avé !) Alix-Enak, B&M, Tif et Tondu, je crois me souvenir que certains critiques ont développé cette thèse, qu’en pensez vous ?

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      • Répondu par capart le 18 décembre 2023 à  17:13 :

        Allez voir l’exposition, vous n’y trouverez rien de "latent", qu’une incroyable sensibilité aux vivants !

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